Andreea Ionescu, Conception et contraception (IIIème partie)
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- Publication : mardi 19 mai 2015 10:53
- Écrit par pr. Razvan Ionescu
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III
La contraception
© Andreea Ionescu 2015 - Toute reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur
III. 1 Introduction
Le mot contraception apparaît assez tard dans la langue française, vers 1929, et son dérivé, contraceptif, encore plus tard, vers 1955. Il provient de l’anglais contraception, plus précisément du contra- et (con)ception. On comprend de son étymologie qu’il s’agit de quelque chose qui agit contre la conception. C’est pour cela que la définition qu’on peut trouver dans le Petit Robert, par exemple, même si elle reflète l’usage courant du terme dans la société française, ne nous paraît pas correcte : « Ensemble des moyens employés pour provoquer une infécondité temporaire chez la femme et chez l’homme »[1]. Car, si on considère que, étymologiquement, la contraception désigne la totalité des moyens qui préviennent la conception, la définition du dictionnaire serait trop large, car il y a un bon nombre de moyens qui agissent après la conception. Par conséquent, la contraception devrait se référer, dans le sens le plus strict du terme, uniquement à des moyens comme l’abstinence, les méthodes de barrière et les méthodes anti-ovulatoires.
Malheureusement, la notion de conception n’est plus aujourd’hui, comme nous l’avons déjà montré, le synonyme de fécondation. Car elle ne désigne plus un moment, mais un processus dont la fécondation n’est que le début et qui dure jusqu’à deux semaines après la fécondation. Conséquemment, les moyens « contraceptifs » couvriraient la même période. Ce qui permet aux scientifiques du domaine médical d’inclure le stérilet dans cette catégorie ou de parler de « contraception du lendemain ».
É. É. Baulieu propose le terme contragestion (> contra-gestation) pour définir tout ce qui agit au-delà de la fécondation, notamment toute interruption précoce de grossesse. Ce terme, considère-t-il, servirait à remplacer le mot « avortement », à « dédramatiser l’interruption précoce de la grossesse et à éviter qu’on ne lui associe les images bouleversantes héritées du souvenir des avortements d’hier, tardifs et maladroits ». Comme, par exemple, ce filme qui cherchait, « grâce aux techniques audiovisuelles les plus modernes, à représenter le prétendu « cri silencieux » de l’embryon, comme si c’était un bébé »[2]. (il paraît que, de son point de vue, si l’avortement se fait plus tôt, le fait est moins grave, uniquement parce l’image prise par une caméra vidéo serait moins dramatique. Étrange attitude de justification du fond par la forme). Le terme contragestion devrait légitimer également, même pour les esprits les plus enfermés dans les dogmes et dans la morale, l’usage du RU 486, l’abortif non chirurgical par excellence (en France), dont le professeur Baulieu est l’inventeur.
Pour notre part, nous avons employé dans cette étude le terme de « contraception » stricto sensu, et nous avons nommé « abortif » tout moyen dont l’action va au-delà du moment de la fécondation. Ce chapitre contient donc, après la partie historique et l’incursion dans l’héritage des Pères, une brève description de tous les moyens qu’on appelle « contraceptifs », en mettant l’accent sur leur mécanisme d’action. Nous les avons divisés en « contraceptifs » et « abortifs », et nous avons consacré une partie spéciale à la pilule, du fait qu’il est difficile de classer aujourd’hui certains types de pilules comme « contraceptives » ou « abortives ». Nous rappelons qu’il s’agit d’une analyse des moyens utilisés en France aujourd’hui.
III. 2 Brève histoire de la contraception [3]
Les sources historiques font preuve du fait que les femmes ont essayé depuis toujours, avec plus ou moins de succès, de contrôler leur fertilité. Dès les débuts de l'humanité, la contraception individuelle a fait recours à des méthodes dont nous avons aujourd'hui de brèves descriptions.
Antiquité. Le document écrit le plus ancien traitant de la contraception semble être le Kahun Papyrus, qui remonte à quatre mille ans. Il décrit des contraceptifs à base de levain.
Chez les animaux, la contraception remonte à l’époque des marchands arabes. Ils ont été les premiers à utiliser des dispositifs intra-utérins, sur leurs chamelles. Car, lorsqu'ils les amenaient au marché, ils plaçaient des petites pierres dans l'utérus des femelles, pour qu'elles ne tombent pas enceintes sur la route.
Chez l’homme, l'Antiquité païenne se montre très tolérante vis-à-vis de l’avortement, malgré l’interdiction formulée par Hippocrate dans son fameux « Serment » concernant l'usage des pessaires abortifs. Les Grecs et les Romains, en cas d'échec des amulettes et des drogues, pratiquaient couramment l'avortement et même l'infanticide. Les auteurs antiques pensaient que le sperme pénètre dans l'utérus et se fixe à la paroi. Les uns croyaient, comme nous l’avons déjà montré, qu'il se mélangeait à une semence féminine, les autres non. Mais il n’y avait pas de doute sur le fait que le produit glaireux pouvait être expulsé si la femme sautait plusieurs fois de suite, après les relations sexuelles. Il y avait également d’autres méthodes. On trouve par exemple dès le règne de Marc Aurèle un traité d'obstétrique, celui de Soranos d'Ephèse, qui donne des descriptions assez précises concernant la façon de confectionner des tampons qui empêchent l'ascension du sperme. Les éponges du Levant étaient réputées pour leur souplesse et leur capacité d'absorption. Des préservatifs en lin, en peau de mouton ou de chèvre et même en peau de serpent ont été utilisés pendant plusieurs époques. Dans les ruines de Pompéi ont été trouvés des dilatateurs et des curettes. Tandis qu'une méthode chinoise recommandait d'avaler des têtards vivants au printemps, d'autres techniques de contraception faisaient appel à la saignée, aux diaphragmes en métal ou en verre, à du coton trempé dans du jus de citron, du poisson séché, du mercure.
Il y avait aussi la contraception orale dans l'Antiquité. Elle faisait appel à une multitude de mélanges. Les estrogènes* sont fort répandus dans la nature et certaines décoctions ou macérations de plantes peuvent en contenir en quantité. Les éleveurs savent depuis toujours que les vaches qui consomment de la luzerne humide développent de gros kystes de l'ovaire et deviennent à la fois nymphomanes et stériles : la luzerne est très riche en estrogènes. On a appris depuis moins longtemps que la levure aussi est suffisamment riche en estrogènes pour provoquer, chez les grands buveurs de bière, une obésité gynoïde, une gynécomastie, une élévation du timbre de la voix, une réduction du volume de la verge et des testicules, une impuissance et une stérilité. L'estriol se trouve dans les chatons de saule et l'estrone est abondante dans l'huile de palme. Il existe de nombreuses autres sources d'estrogènes végétaux. Dans la Grèce antique, les infusions de certaines plantes médicinales étaient utilisées dans un but contraceptif à cause du fait - on comprend aujourd’hui - qu’elles contenaient des estrogènes.
Moyen-Âge. Pendant le Moyen-Âge, l'Eglise joue le rôle d’un frein contre l’avortement et les infanticides, qui sont punis d'excommunication et même de mort. Tout au long du Moyen-Âge, les pratiques contraceptives paraissent se limiter aux classes sociales supérieures, car les connaissances transmises par les textes latins et grecs ne sont accessibles qu'aux lettrés, aux médecins et aux prêtres. Néanmoins, les textes destinés à l'information des membres du clergé mentionnent des breuvages contraceptifs, la masturbation, l'homosexualité, la sodomie, le retrait et l'avortement. Mais les connaissances manquent de rigueur scientifique. Par exemple, Albert le Grand, évêque italien du XIIIe siècle, rappelle les conseils des Anciens : « Si une femme porte autour du cou le doigt d'un fœtus mort, elle ne concevra pas tant qu'elle le portera ». A la même époque, des médecins recommandent la recette suivante que de nombreuses femmes appliqueront jusqu'au siècle dernier : « Si une femme boit le matin pendant trois jours deux mines de l'eau dans laquelle les forgerons ont refroidi leurs pinces, elle deviendra définitivement stérile ». De même, une légende du Moyen Age explique que pour éviter de tomber enceinte la femme doit cracher trois fois dans la bouche d'une grenouille. Mais la plus ancienne et la plus durable des techniques contraceptives est celle du coït interrompu.
- La Renaissance marque le retour vers le corps et la sexualité. La contraception est largement utilisée. On assiste à l’apparition de nombreuses publications portant surtout sur le retrait, les manœuvres post-coïtales, les éponges et les injections intra-vaginales, les préservatifs et les breuvages contraceptifs. En 1564, Fallope invente un condom imprégné d'herbes. Au XVIIe siècle, les femmes de la haute société française décident de diminuer leur fécondité pour des raisons de confort et de commodité conjugale. Madame de Sévigné conseille sa fille, Madame de Grignan, d'utiliser des « restringents » et même, pour plus de sécurité, de faire rigoureusement chambre à part. Ainsi, elle lui écrit le 18 décembre 1661 : « Vous m'obéissez pour n'être point grosse ; je vous en remercie de tout mon cœur ».
Époque des lumières et Époque moderne. Au XVIIIe siècle, Casanova fait utiliser à ses partenaires de petites boules d'or, fabriquées chez un orfèvre genevois : glissées dans le vagin, elles sont censées empêcher la fécondation. L’époque connaît une explosion de méthodes contraceptives : éponges imbibées de vinaigre, seringues pour la douche vaginale, diaphragmes difficiles à manipuler, préservatifs défectueux, méthode Ogino, qui se sont cependant soldées par un nombre incalculable de grossesses non désirées.
Thomas Robert Malthus (1766-1834), économiste britannique, publie en 1798 son « Essai sur le principe de la population », où il affirme que la population double en progression géométrique tous les vingt-cinq ans, tandis que la nourriture ne croit qu’en proportion arithmétique. Ce qui fait absolument nécessaire, conclue-t-il, la limitation des naissances par chasteté totale de tous les humains jusqu'à quarante ans ! Son nom même est devenu le symbole du contrôle des naissances. Ainsi, Malthus a été le premier à préconiser une politique de contrôle des naissances par l'éducation des familles pauvres à la continence, destinée à éliminer la régulation naturelle que constitueraient les guerres, les famines et les épidémies. Il conseillait, en outre, qu’on évite toute mesure susceptible d'accroître la natalité, notamment la charité publique destinée aux hommes valides. L'aide sociale devait donc se limiter à l'éducation, le seul moyen qui permet aux masses de prendre conscience des fléaux produits par la surpopulation.
Malgré le fait que les thèses de Malthus ont été violemment critiquées par les catholiques, qui y voyaient un écartement du devoir sacré de procréation, et plus tard par les marxistes, le mouvement qu’il a initié est continué par ses disciples qui fondent le « néo-malthusianisme ». Ils veulent que la race humaine puisse se reproduire dans des conditions suffisantes de santé et de beauté. Les rapports sexuels doivent avoir pour but le bonheur du couple et non pas seulement la procréation. La différence entre Malthus et les néo-malthusiens est que pour ces derniers, ce n'est plus la chasteté qui doit assurer le contrôle des naissances, mais l'emploi de contraceptifs, car ils n’empêchent pas le plaisir.
Toujours en Angleterre, Francis Place crée en 1823 le premier « birth control » qui s'étend progressivement vers la Hollande, les Etats-Unis, le Danemark, la Suède, la Norvège.
En 1877, dans l’esprit malthusien, le professeur Broca exprime son inquiétude concernant des dangers de la surpopulation. À la fin du XIXe siècle, la « Ligue pour la Régénération humaine » est fondée par Paul Robin. Il organise en 1900 à Paris le premier Congrès international néo-malthusien consacré aux techniques médicales de la contraception.
La guerre de 1914-1918 freine cette propagande ; la loi en faveur de la natalité du 31 juillet 1920 est votée. Elle interdit l'avortement et la contraception. La fécondité baisse continuellement malgré cette loi. La courbe de natalité reste en chute à partir de 1775, en raison probablement aussi du relâchement progressif du frein religieux, pour ne s'arrêter qu'en 1947, au bout de 172 ans.
À partir de 1928, la compréhension du cycle menstruel, le rôle joué par les estrogènes et la progestérone se précisent. En 1922, Ludwig Haberlandt crée le premier contraceptif hormonal sous forme d'injection. Il s'agissait d'hormones provenant de la purification d'extraits d'organes. Il les a testées, avec succès, sur des lapines. Mais ce genre de procédés était trop coûteux pour le commercialiser à grande échelle. C'est pourquoi deux femmes ont persuadé le professeur Gregory Pincus de mettre au point une pilule contraceptive accessible à toutes. Ces deux avant-gardistes de la contraception sont Margaret Sanger, infirmière et créatrice du planning familial à New-York, et Katherine Dexster McCormick, une des premières femmes biologistes diplômées aux États-Unis.
L'opposition à la loi « nataliste » de 1920 se développe avec l'apparition en 1935 du premier dispensaire de « birth control » en France. À partir de 1953, après la période de la deuxième guerre mondiale caractérisée par une répression accrue, cette opposition continue avec le développement d'un mouvement qui va aboutir, en 1956, à la création par docteur Lagroua Weill-Hallé de la Maternité heureuse, (association créée avec Evelyne Sullerot, à l’aide de l’Eglise Réformée et de la franc-maçonnerie) qui se transforme en « Mouvement français pour le Planning familial » (MFPF) à partir de 1960.
Katherine Dexster McCormick finance par 2 millions de dollars un projet sur le développement de la contraception à seule condition que l'on arrive rapidement à des résultats concluants. Le contraceptif hormonal à voie orale apparaît en 1955. Il a été testé par 250 femmes d'une banlieue pauvre de Porto Rico en 1956. Aujourd'hui, plus de 110 millions de femmes la prennent tous les jours. La découverte de la synthèse de la progestérone a été faite au Mexique par Carl Djerassi. Il a réussit à extraire l'imitation chimique exacte de la progestérone humaine à partir de racines de tubercules d'ignames mexicains. Son but n'était pas de trouver un contraceptif oral, mais d'obtenir un moyen pour reposer le système reproducteur de femmes stériles avec l'espoir de créer un rebond susceptible d'améliorer leur fécondité. En 1962, on remarque une baisse nette de la consommation des pilules, due à la tragédie de la thalidomide. Ce médicament, à base d'hormones de synthèse, utilisé pour réduire les aspects désagréables de la grossesse, créa des malformations chez les nouveaux-nés. En 1988, la contraception disparaît de la liste des trente-cinq thèmes de recherche prioritaires dans le monde.
Position des Églises protestante et catholique. L'Église protestante, divisée entre plusieurs confessions dont certaines très libérales, agit d’une manière partagée. Par exemple, l’Assemblée des évêques de l'Église Anglicane approuve sous certaines réserves morales ce mouvement en 1930. Depuis 1930, le control des naissances est pratiqué dans tous les pays anglo-saxons de religion protestante.
En même temps, en 1930, le pape Pie XI, dans l'encyclique « Casti connubii », maintient avec rigueur l'interdiction de tout procédé artificiel destiné à empêcher la procréation. Pourtant, en 1951, le pape Pie XII admet qu'une régulation des naissances peut intervenir pour des motifs parfaitement légitimes, d'ordre médical, eugénique, économique ou social. Les motifs principaux invoqués sont la santé de la mère ou de l'enfant à venir, les ressources et les conditions de logement de la famille, les possibilités d'éducation, l'équilibre du foyer. À côté de la seule continence, Pie XII admet aussi la continence périodique d’après la méthode d'Ogino et Knaus. Ce sont eux qui découvrent en même temps (Ogino en 1928 au Japon, Knaus en 1930 en Autriche), même si séparés par des milliers de kilomètres et ignorant tout de leurs travaux respectifs, qu'au cours de chaque cycle menstruel il y a une période limitée de fécondité qui peut être calculée, prévue. En 1968, le Pape Paul VI condamne la contraception dans l'encyclique « Humanae vitae ».
En France, la contraception est dépénalisée en 1967 (Loi Neuwirth). Quant à l'avortement, il ne sera libéralisé qu'en 1975. Les groupes féministes ont souvent demandé que le choix soit fait par la femme, étant donné qu'elle est la première concernée par la pilule et l'avortement. Aujourd'hui, la pilule est largement utilisée, aussi que le préservatif (le dernier, grâce aux campagnes de prévention du SIDA). L'avortement, même si légalisé, reste encore un sujet épineux.
Voici pour conclure un tableau contenant les moments législatifs principaux qui ont marqué l’évolution du planning familial en France[4] :
Année
|
Décision législative |
1810 |
Article 317 du Code pénal napoléonien : l’avortement est criminel |
1920 (31 juillet) |
Sont punis de lourdes peines les auteurs ou complices de : publicité ou information sur la contraception, diffusion de moyens contraceptifs ou abortifs |
1941 (7 septembre), 1942 (5 février) |
L’avortement devient crime d’état |
1955 |
L’avortement thérapeutique est admis |
1967 (28 décembre) |
La loi Lucien Neuwirth autorise la fabrication et la diffusion des contraceptifs ; en même temps, les centres de planification sont autorisés et soutenus. Les contraceptifs deviennent accessibles au mineurs le 4 Décembre 1974 |
1975 (17 janvier) |
Loi Veil sur l’IVG : l’avortement peut être effectué par un médecin, jusqu’à dix semaines de grossesse sur une femme en situation de détresse ; le consentement d’un parent est exigé pour une mineure, ainsi que trois mois de résidence en France pour une étrangère ; l’avortement thérapeutique est autorisé quel que soit l’âge de la grossesse |
1982 (31 décembre) |
L’avortement est remboursé |
1991 (18 janvier) |
La publicité sur les préservatifs masculins n’est plus interdite |
1993 (27 janvier) |
Loi Neiertz : l’entrave à l’IVG est punie (amende et emprisonnement) |
III. 3 La contraception dans la Bible et selon les Pères de l’Église
Dans les livres de l’Ancien Testament, les références bibliques sur la contraception sont peu nombreuses. Il y en a d’autres, plus nombreuses, sur l’avortement, et nous les prenons aussi en considération, car à l’époque l’avortement englobait la contraception[5].
On trouve dans le livre de la Genèse le passage suivant : « Juda prit une femme pour son premier-né Er ; elle se nommait Tamar. Mais Er, premier-né de Juda, déplut à Yahvé, qui le fit mourir. Alors Juda dit à Onân : « va vers la femme de ton frère, remplis avec elle ton devoir de beau-frère et assure une postérité à ton frère. » Cependant Onân savait que la postérité ne serait pas sienne et, chaque fois qu’il s’unissait à la femme de son frère, il laissait perdre à terre pour ne pas donner une postérité à son frère. Ce qu’il faisait déplut à Yahvé, qui le fit mourir lui aussi. » (Gn. 38, 6-10). Ce que nous rencontrons là est la situation évidente, et parmi les plus anciennes signalés dans des sources historiques, d’une contraception par l’interruption de l’acte sexuel, par la pratique du coït interrompu. Les commentaires des Pères de l’Eglise ne portent pas uniquement sur l’acte proprement dit, car ils considèrent également un péché le refus de produire l’héritage par la loi du lévirat. Il y a même des auteurs[6] qui considèrent que « la faute d’Onân n’était quasiment jamais attribuée à cette pratique elle-même ». Il y en a d’autres qui considèrent que les chrétiens réduisent son geste à l’acte précis d’éjaculer ex utero. En général, il semble que la tradition juive aussi a vu l’acte en soi comme péché, l’effet immédiat étant la condamnation de cette méthode d’empêchement de la procréation. La tradition chrétienne également prend en considération les deux aspects ensemble. Le commentaire dans la Bible de Jérusalem dit : « Dieu condamne à la fois l’égoïsme d’Onân et sa faute contre la loi de la nature ». À l’époque, il est clair qu’au moins Augustin et Jérôme ont condamné explicitement cette pratique.
Clément d’Alexandrie considère que « nous avons part à cette fonction divine de la création, ne jetons pas le sperme n’importe où, ne l’avilissons pas »[7]. C’est sa manière de comprendre la parole de Moïse (Lv 11, 5), celui qui dit qu’on « ne jette pas la semence parmi les pierres et les cailloux parce que jamais elle n’y prendra racine ». Dans « Le Pédagogue », il affirme que le but des relations sexuelles « est de procréer et leur fin est d’avoir de beaux enfants, toute comme pour le cultivateur le motif qui le fait jeter les semences, dans la culture, c’est de récolter les fruits »[8]. De plus, Athënagoras pense : « de même que l’agriculteur qui a jeté sur la terre les semences attend patiemment la moisson sans recommencer à semer, la procréation des enfants est notre mesure à tous »[9], c'est-à-dire il propose non pas uniquement des relations qui peuvent aboutir à la procréation, mais aussi une discipline de vie sexuelle qui a comme but la procréation et qui interdit les rapports sexuels pendant la menstruation et la grossesse.
On trouve la preuve de la préoccupation juive, et plus tard, chrétienne, pour la vie du fœtus, dans la Septante, la traduction en grec de l’Ancien Testament. L’Exode stipule qu’il faut punir l’avortement accidentel en fonction du développement du fœtus par des amendes et que uniquement dans le cas du décès de la mère le châtiment doit être la mort. Même la contraception « sous forme de remède »[10] est attaquée dans la Didaché, un des plus anciens textes chrétiens : « assassins des enfants, meurtriers de la créature de Dieu ».
D’une manière assez différente par rapport à la loi romaine, qui distingue homo (être humain), infans (enfant) et spes animantis (ce qui espère vivre ou être doué d’une âme), la perspective chrétienne naissante de l’héritage juif insiste de plus en plus sur la protection et les droits de l’enfant à partir du moment où il est dans les entrailles de sa mère. Athënagoras, apologiste chrétien, considère cette attitude un signe de la supériorité morale des chrétiens : « à quoi bon nous tenir pour des meurtriers quand nous disons que les femmes qui pratiquent l’avortement commettent un meurtre et devront rendre compte à Dieu de leur acte ? »[11].
Les chrétiens ont cherché une position d’équilibre en rejetant les excès. Ils se gardent loin, d’une part, de la tentation sectaire (manichéenne), qui rejetait la procréation comme un acte mauvais, et de l’autre part de la quête d’une sexualité qui oubliait la responsabilité de la procréation. « N’est-ce pas vous qui considérez la procréation, qui rend l’âme prisonnier de la chair, comme un péché plus grave que l’union sexuelle ? N’est-ce pas vous qui nous pressiez d’observer, dans la mesure du possible, le moment où une femme après sa menstruation est susceptible de concevoir et de nous abstenir durant cette période de tout rapport, de crainte qu’une âme ne tombe dans les pièges de la chair ? » reproche saint Augustin aux manichéens qui haïssaient la matière. Par ailleurs, le même Augustin sanctionne dans Contre Secundinus les prostituées qui «prennent des mesures pour ne pas concevoir ».
Angus McLaren considère que l’Église ne s’exprime pas uniquement sur la problématique de la sexualité, mais qu’elle y introduit une véritable révolution.
« L’Église innova véritablement quand elle fit de la sexualité le symbole de la différence entre chrétiens et païens, et le grand indicateur de la moralité individuelle. Mariés et célibataires, riches et pauvres, tous voyaient dans l’importance de contrôler les désirs sexuels un nouveau commun dénominateur moral. […] Les chrétiens faisaient d’une différence de nuance (considérer les pratiques sexuelles comme les indices privilégiés d’un spirituel) le fondement d’une rupture culturelle fondamentale. »
En fait, le problème n’était pas culturel. Le christianisme, la religion de l’amour pour le prochain, de la Résurrection des morts, de la Vie qui a vaincu la mort, ne pouvait pas s’accommoder avec des pratiques meurtrières, comme celles de la destruction des embryons. Le milieu païen, très tolérant à l’égard de ces pratiques, montrait un relativisme des valeurs que le christianisme ne pouvait que rejeter. L’avortement, la contraception, le divorce, l’adultère et d’autres « libertés », allant jusqu’au port des perruques et des maquillages, ont été rejetées comme l’expression extérieure des mauvaises passions. Le christianisme luttait pour définir une spiritualité qui s’éloignait de la matérialité du monde par la maîtrise du corps et l’acquisition des vertus. Loin d’une position « angélique », incorporelle, la sexualité était bénite, mais uniquement dans le cadre du mariage et ayant comme but la procréation et la lutte contre les mauvaises passions. Ce n’était pas le plaisir qui était recherché. Tout contrôle de la fécondation qui permettait le plaisir « stérile et vaine » en empêchant la procréation était condamné.
Il y a toute une diversité de positions des Pères concernant la problématique de l’avortement et de la contraception.
Saint Jean Chrysostome parle d’un « acte encore pire que le meurtre car je n’ai pas de nom à lui donner : il ne supprime pas en effet un être venu au monde mais l’empêche de naître »[12]. Saint Basile le Grand dit : « celle qui a délibérément détruit un fœtus doit subir le châtiment d’une meurtrière. Et nous n’avons pas à nous demander entre nous si le fœtus était ou non formé »[13] en établissant un canon de dix ans de pénitence. Césaire d’Arles considère que les femmes sont coupables « devant le tribunal du Juge éternel d’autant d’homicides qu’elles auront tué d’enfants, déjà conçus ou déjà nés. Et parce que certaines femmes, en essayant de tuer en elles leurs enfants par des potions sacrilèges, périssent également, elles se rendent coupables de trois crimes : d’homicide envers elles-mêmes, d’adultère envers le Christ et d’infanticide envers des enfants non encore nés »[14].
« Si on vise le plaisir, on juge mal, érigeant en bien ce qui n’en est pas un et, conséquence nécessaire, on abuse de la femme en s’unissant à elle »[15], pensait saint Maxime le Confesseur. Mais ce n’était pas uniquement le plaisir sans procréation qui était cherché. Il y avait, observe Ambroise, l’usage de potions contraceptives et abortives par les riches qui, « de crainte de voir leur patrimoine partagé entre plusieurs héritiers, refusent d’admettre l’existence dans leurs utérus de leur propre fœtus et, au moyen d’un potion parricide, font taire les demandes de leur matrice : la vie est ainsi retirée avant même d’être transmise »[16]. Toutes ces déviassions, par l’intermédiaire de la magie ou des potions, « ces drogues diaboliques qui les rendent (les femmes) incapables de concevoir »[17], ont été rejetés par les Pères.
Saint Augustin décrit ceux qui « par un moyen quelconque suppriment et détruisent le fœtus dans la matrice, en préférant que leur progéniture meure avant voir le jour ou, si elle était déjà vivante dans la matrice, de la tuer avant sa naissance »[18]. Voici un autre texte de Saint Augustin, où il montre, d’abord, que le seul but du mariage est la procréation[19] et, dans ce contexte, il condamne ceux qui utilisent des moyens pour ne pas avoir des enfants. Dans son interprétation, c’est la raison pour laquelle Dieu a puni de mort Onân :
« Si donc l’homme peut contenir ses sens, qu’il ne se marie pas, qu’il n’engendre pas. Mais s’il ne peut les contenir, qu’il se marie, c’est son plein droit, pour ne pas engendrer d’une manière criminelle, ou pour ne pas se livrer au pur libertinage, d’une manière plus criminelle encore. Cependant des époux, même légitimement unis, se laissent aller à ce dernier désordre. Mais c’est contre le droit et contre l’honneur qu’ils emploient dans leurs relations des manœuvres anticonceptionnelles. Onân, fils de Juda, commit ce crime et Dieu le punit de mort (Genèse, XXVIII, 9). La génération des enfants est la fin première, naturelle et légitime du mariage. Par suite, ceux qui se marient pour satisfaire leur incontinence ne doivent pas se servir de cette ardeur malsaine pour détruire le bien propre de leur union qui est la procréation des enfants. C’est des incontinents qu’a parlé l’Apôtre quand il a dit : «Je veux que les jeunes filles se marient, qu’elles aient des enfants, qu’elles deviennent mères de famille, qu’elles ne donnent pas à nos adversaires l’occasion de médire de nous.(…) (I Timot. V, 14, 15) »[20].
D’une autre part, les Pères comprennent la faiblesse humaine. Il y a ainsi des positions plus élastiques, qui ne visent plus la procréation comme justification unique du mariage. C’est en fait l’héritage et la prolongation de la pensée paulinienne (1 Co 7, 1-9), qui voit que « le mari s’acquitte de son devoir envers sa femme, et pareillement la femme envers son mari » pour éviter la luxure. Saint Jean Chrysostome reconnaît la fonction de procréation du mariage, mais il distingue la période de l’Ancien Testament de celle du Nouveau Testament. Le mariage a été institué après le péché ancestral pour permettre la perpétuation du genre humain. On n’oublie pas également la naissance du Seigneur qui sort de ce péché. Donc, selon Jean Chrysostome le mariage a été institué afin que « nous soyons chastes et afin que nous devenions pères ; mais de ces deux motifs, le plus important est celui de la chasteté »[21]. Voici une position qu’il souligne plusieurs fois dans ses homélies : « Paul l’atteste quand il dit : « pour éviter la fornication, que chacun ait sa femme », il ne dit pas : « s’ils désirent des enfants »[22].
Pour conclure, notons qu’on trouve chez les Pères une panoplie de pensées, dont on distingue deux grands courants. Le premier, plus rigoriste, car il a aussi pour but de répondre aux excès sectaires et aux péchés meurtriers de la société païenne, considère la procréation comme but unique du mariage. L’autre voit le mariage comme source de chasteté, sa raison étant la maîtrise de soi et la modération, et uniquement après la procréation. Les deux perspectives se disputent notamment l’exclusivité de la finalité procréative au sein du mariage.
III. 4 La contraception aujourd’hui
III.4.1 Le planning familial ou la liberté sans frontières
Ayant déjà fait un bref passage en revue de l’histoire du planning en France[23], nous allons nous limiter dans ce sous-chapitre à un commentaire des concepts que le Mouvement Français pour le Planning Familial (MFPF), le porte-parole du mouvement en faveur du planning familial en France, véhicule.
Tout d’abord, il faut dire que le MFPF ne propose pas explicitement une définition du planning. Cependant, on peut la déduire en lisant les informations du site officiel et des dépliants qu’on trouve dans les institutions françaises avec profil social ou médical ou dans les centres de prévention. En fait, il s’agit d’une campagne initiée par le MFPF dans le but d’informer la population française sur les questions du planning familial, et qui a comme devise la formule : « La liberté prend corps ». Une liberté, disons-nous, dépourvue de toute notion d’éthique, de valeur morale, et qu’on pourrait définir, après la lecture des dépliants MFPF : « fais ce que tu veux, comme tu veux et quand tu veux ». Nous en parlerons plus tard. Revenons à l’objectif annoncé par le MFPF : « être un lieu de parole concernant la sexualité et les relations amoureuses afin que chacun(e), hommes et femmes, jeunes ou adultes, les vive dans le partage, le respect, et le plaisir ». Quels sont les moyens qu’on nous propose afin de réaliser ce desideratum ?
À la première rencontre avec le site du MFPF, on peut lire sur la page de garde :
« Le poids de la culpabilité : dans la culture chrétienne, la sexualité est vécue comme un péché et la femme comme une tentatrice responsable de la "chute" de l'homme »[24]. L’affirmation est mensongère, car la théologie chrétienne, sauf peut-être certains courants (puritains) protestants, nous offre une perspective différente. La quête chrétienne concerne tout homme qui vit dans le monde, hommes et femmes. L’être humain est appelé à devenir saint, à la ressemblance de Dieu, car Dieu est Celui qui est « pleinement Saint » et source de sainteté. On ne trouve nulle part l’idée que cette transformation de l’homme présupposerait la virginité, le refus du mariage, et donc le rejet a priori des relations sexuelles. Au contraire, le mariage est non pas uniquement reconnu par l’Eglise, mais béni. Le service religieux du mariage est un des sept Sacrements de l’Eglise. Le mariage - union mystique entre l’homme et la femme - est compris dans la lumière du mariage mystique (koinonia) entre le Seigneur et l’Eglise, il mène à la sainteté. Une preuve de plus est le fait que la prêtrise, au moins selon la tradition orthodoxe, est parfaitement compatible avec la vie de marié.
En ce qui concerne l’accusation du MFPF, selon laquelle, dans la vision chrétienne, la femme est responsable de la tentation de l’homme, nous répondons que dans la tradition chrétienne, l’homme et la femme deviennent un seul corps par le mariage. Et par cela on ne veut pas dire corps physiques, mais on se réfère à la personne humaine dans son intégralité. Par conséquent, la responsabilité des tentations se réfère au couple, à la double acceptation, elle est partagée. La tentation décrite peut émerger uniquement quand la participation, l’implication humaine est exclusivement corporelle, - quand on se revête dans les vêtements du plaisir, quand le plaisir est vu comme but en soi - en non pas dans les vêtements immortels, qui sont la grâce de Dieu.
Nous avons analysé ces distinctions car le MFPF a comme point de départ de sa philosophie sociale une attitude accusatrice vis-à-vis de certaines valeurs chrétiennes. Nous allons analyser en ce qui suit quelques actions spécifiques du MFPF.
Il y a eu des mouvements revendicatifs MFPF d’une légitimité certaine dans l’histoire, par exemple, pour le droit à l’éducation. En 1801, Sylvain Maréchal rédige sa brochure « Projet de loi portant défense aux femmes d'apprendre à lire ». La loi Guizot (1833) qui crée l'enseignement primaire en France oublie les filles. Il faut attendre un décret de 1836 et surtout les lois Falloux (1850) et Duruy (1867) pour que s'ouvrent des écoles qui leur soient destinées. Le MFPF a lutté pour l’égalité des femmes avec les hommes dans la société, surtout dans un contexte historique – pendant le règne de Napoléon – où la condition de la femme était celle de soumission, elle n’ayant pas de statut social : exclusion totale des droits politiques, interdiction d'accès aux lycées et aux Universités, interdiction de toucher elle-même son salaire, le "devoir conjugal" était une obligation, inexistence du concept de « viol » de l’épouse.
Notons que le MFPF a été à ses origines un organisme de lutte pour l’émancipation de la femme. Quels sont ses objectifs aujourd’hui ? Tout d’abord, la liberté de procréation. « Les progrès scientifiques et les revendications des femmes nous permettent aujourd'hui d'avoir un enfant quand on le désire vraiment ». Mais dans quel sens ? On propose, en pleine confusion, une liberté par l’intermédiaire de la mort des autres, c'est-à-dire des petits embryons qui ne peuvent pas se protéger eux-mêmes devant nos actions. Par des slogans tels que : « la liberté prend corps ! » ou « notre corps nous appartient ! », le MFPF milite pour le droit à la vie, et surtout à la mort (des autres), par « la contraception et le droit à l’avortement ». On goûte la liberté du plaisir de l’acte sexuel en fuyant la responsabilité, le fait qu’une vie humaine vient peut-être à l’existence comme conséquence de nos actes. On témoigne ainsi de la co-existence d’une lutte pour des droits justifiés et nécessaires, droits acquis par les mouvements féministes, tels que le combat contre les violences conjugales, le harcèlement sexuel et la dégradation de l'image de la femme à travers la pornographie et la publicité sexiste, aussi que de la lutte pour le droit à la contraception et à l'avortement. Les solutions ne sont pas toujours saines à cause de l’unilatéralisme, car la perspective du mouvement pour le planning ne prend pas en considération la personne humaine entière, corps et âme.
Pour comprendre ce phénomène, aussi que l’énergie que l’on déploie dans la revendication des droits, il faut prendre en considération l’histoire du planning familial du XXème siècle en France, histoire considérée de frustrations et de malheurs. En 1920, la loi assimile la contraception à l'avortement. Toute propagande anticonceptionnelle est interdite. Le crime d'avortement est passible de la cour d'Assises. En 1923, l'importation d'articles anticonceptionnels est prohibée. L'avortement est jugé en Correctionnelle, les jurys populaires se montrant trop favorables aux inculpés. La loi de 1939, qui promulgue le Code de la famille, renforce la répression. Des sections spéciales de policiers sont créées. Les tentatives sont punies comme les avortements. Les avorteurs sont très sévèrement condamnés. En 1941, ils peuvent être déférés devant le tribunal d'État. En 1942, l'avortement devient crime d'Etat. Pour l'exemple, une avorteuse est condamnée à mort et guillotinée en 1943. Plus de 15 000 condamnations à des peines diverses sont prononcées jusqu'à la Libération. Celle-ci ne remet pas en question l'arsenal législatif répressif, avec son corollaire de décès ou de mutilations provoqués par les avortements clandestins. Les procès existent encore contre les avorteuses et leurs complices jusqu'aux années 1970.
Est-il cependant justifiable de demander aujourd’hui le revers de la médaille, la banalisation et la « démocratisation » totale de la contraception ? Est-ce que vouloir échapper à « l'épouvantable fatalité d'être mère » (Paul Robin, militant féministe, 1900) en choisissant uniquement le coté plaisir pourrait constituer la solution ? Quels sont les repères qu’on nous offre aujourd’hui ?
Le MFPF recommande : « Il n'y a pas de moments sûrs dans le cycle ». Sûrs, c'est-à-dire sans « risque » de procréer. « Il faut utiliser une contraception adaptée à la situation et ne pas oublier de se protéger des MST. Pilule + Préservatif : c'est plus sûr ». Donc, on peut vivre la liberté du sexe en séparant l’acte de la procréation, en faisant « l’amour l’esprit tranquille »[25]. De quelle tranquillité s’agit-il, en fait ?
De plus, le MFPF introduit une véritable « révolution » dans les idées. Dans le dépliant « La première fois : la liberté prend corps », on trouve, parmi des conseils bien intentionnés d’ailleurs, qui tiennent de la physiologie reproductive humaine et qui concernent les difficultés des premières relations sexuelles, les « nouveaux concepts » concernant la virginité et la vie du couple. La virginité « n’est pas une valeur en soi », nous dit-on, être vierge « est valorisé pour une fille, c’est le cadeau pour un garçon ». On demeure dans la confusion : même si on peut accepter à la limite de ne pas considérer la virginité comme une valeur en soi (selon les Pères de l’Eglise, on doit chercher la pureté et la beauté de l’esprit virginal, plus que la virginité physique) on ne peut pas accepter qu’elle soit un don pour un garçon. En plus, continue le texte, « l’importance donnée à la virginité est une des manières, pour l’homme et pour la société, de maintenir un pouvoir sur les femmes ». La jeune fille doit par conséquent prendre ses décisions en annulant toute autorité extérieure et « en fonction de son désir ». Peut-il - ce désir - fonctionner comme véritable arbitre et conscience ? La fille doit prendre sa décision en rejetant « la pression de la famille, de la religion, du copain, des copines ». Préfère-t-on alors d’agir selon ce nouveau principe extrêmement simpliste en oubliant totalement notre vie intérieure qui présuppose des valeurs, des quêtes, des recherches, le rêve d’un amour véritable ? Le sexe ne peut pas être instrumentalisé. Serait-ce une solution que d’en finir avec tout ça au nom d’une liberté sans frontières ? S’agirait-il, dans ce cas, d’une véritable liberté ? La vraie liberté, nous montrent l’expérience des Pères, l’exemple des emprisonnés du communisme et de tant d’autres, la vraie liberté n’existe pas et ne peut pas être acquise que si elle est marquée par des limites bien définies. Que ces limites soient la foi, la morale ou autre chose. Sinon, la liberté devient un piège. C’est comme une toile qui n’a pas de bords et ne peut pas enflammer l’imagination de l’artiste ou comme l’océan qui, sans ses côtes et ses falaises, noierait la terre.[26]
Ajoutons quelques mots, à propos des limites, sur l’opinion d’un des défenseurs du planning à tout prix, Étienne Émile Baulieu, père du RU 486. La limitation que ce scientifique demande, dans un esprit néo-malthusien, est celle de la population terrestre, et cela pour plusieurs raisons : par respect de l’environnement, afin de permettre à nos sociétés de progresser et pour augmenter le niveau de vie de la population existante. « Sauf catastrophe naturelle ou guerre dévastatrice », s’inquiète-t-il, « il y aura environ dix milliards d’individus sur terre au milieu du XXIe siècle »[27]. On se confronte aujourd’hui avec deux phénomènes opposés : la croissance de la population et le vieillissement de nos sociétés. Le deuxième, dit-il, est moins inquiétant, car n’empêche pas le progrès (voir la Suède et la RF d’Allemagne). Mais le premier peut être dramatique, car il rend impossibles « les progrès économiques et politiques et le respect de l’environnement ». Moins on est sur la terre, mieux on y vit : « Le monde a changé. Hommes et femmes, bien que plus nombreux désormais, devraient vivre mieux et plus longtemps. C’est pourquoi la limitation consciente de la procréation est indispensable. … Supprimer la surpopulation, la misère et la malnutrition serait-il si honteux, si matérialiste, si immoral ? »[28]
De plus en plus de prêtres orthodoxes ne rejettent plus aujourd’hui la possibilité du planning, par respect pour l’être humain, mais surtout par compréhension pour ses faiblesses. Mais l’image de l’égoïsme nous fait peur. Car, au lieu d’accueillir un nouvel être humain, créature et image de Dieu, avec joie et amour, faut-il voir en tout bébé qui pourrait venir au monde une menace potentielle contre le bien-être personnel ? Et en même temps ne pas s’inquiéter à cause du vieillissement de la société (conséquence, entre autres, d’une telle vision), autant que cela n’empêche « les progrès économiques et politiques » ?
Se sentir étouffé par la présence de l’autre. Dans la théologie chrétienne, le plus grand commandement, au-dessus même des commandements de la Loi ancienne, est l’amour pour Dieu et, en égale mesure, pour le prochain, c’est-à-dire de voir dans le prochain l’image-même de Dieu. Pourrait-on dire, alors, nous, qui avons été rassurés par le Christ lui-même que, dans la mesure où nous cherchions le Royaume, nous ne devons pas nous inquiéter pour ce que nous allons boire ou manger, allons-nous dire que nous sommes « envahis » par nos prochains, que nous sommes « de trop » sur terre ? Serait cela, aujourd’hui, le plus grand danger qui menace le monde ?
III.4.2 Les méthodes de contraception
III. 4.2.1 La contraception préventive
Méthodes de barrière. Les méthodes de barrière entrent dans la catégorie des méthodes mécaniques, c’est-à-dire qui ne font pas usage d’hormones, et regroupent les moyens de contraception qui servent de barrière aux spermatozoïdes, afin d’empêcher que ceux-ci rencontrent l’ovule. Les plus utilisés (et les plus efficaces) sont : le préservatif, les diaphragmes, les capes cervicales et les éponges contraceptives.
Le préservatif masculin (ou condom ou capote anglaise) est, paraît-il, le plus utilisé de tous les moyens mentionnés, peut-être à cause de son double effet : contraceptif, mais aussi parce qu’il protège contre la transmission du SIDA et des MST. C’est un dispositif fait en général en latex très fin. Le principe est que l'éjaculation se fasse dans le préservatif pour que le sperme ne puisse pas pénétrer dans le vagin. Il assure également, comme on l’a mentionné, une très bonne protection contre les maladies sexuellement transmissibles : SIDA (virus VIH), hépatite B, herpès, syphilis, gonocoque, chlamydiae, HPV (human papilloma virus) qui peuvent donner le cancer du col de l'utérus.
C’est un moyen très efficace (86% / 97%). Cependant, s’il n’est pas utilisé correctement, il existe le risque que des spermatozoïdes s’échappent et entrent dans le vagin. Par conséquent, il est conseillé qu’il soit utilisé avec des spermicides (voir ci-dessous).
Le préservatif féminin est de date plus récente et n’a pas une utilisation aussi répandue que le préservatif masculin. Cela pourrait être du au fait qu’il est plus coûteux mais aussi parce qu’il y a beaucoup de femmes qui ne l’apprécient pas.
Il s’agit d’une membrane (une sorte de poche évasée vers l'extérieur) en forme de cylindre souple et ample, ayant à chaque extrémité un anneau flexible en polyuréthane. La matière plastique polyuréthane dont il est fait est plus résistante que le latex du préservatif masculin.
C’est une méthode contraceptive de barrière très efficace (79% / 95%), toujours à condition qu’elle soit utilisée correctement. Des études ont montré que la probabilité d'échec en cas d'utilisation correcte du préservatif féminin est analogue à celle du préservatif masculin et du diaphragme, et légèrement inférieure à celle de la cape cervicale et de l'éponge[29].
Le diaphragme est un autre moyen de contraception féminine. C’est un capuchon en caoutchouc très fin (latex), de 5 à 10 cm dont les pourtours sont fermes et flexibles. C’est au médecin de déterminer la taille à utiliser par chaque femme. Son action : il constitue une barrière pour le sperme au moment de l'éjaculation : les spermatozoïdes ne peuvent pas passer par le col de l'utérus pour monter dans l'utérus. Le diaphragme doit être toujours utilisé avec un spermicide. Son efficacité varie entre 83 et 95 % s’il est bien utilisé.
La cape cervicale a le même mode d’action que le diaphragme, en empêchant les spermatozoïdes de passer dans le col de l'utérus. En effet, il s'agit d'un mini diaphragme. Son efficacité (80%) est améliorée à l’aide des spermicides. Elle n’est pas beaucoup utilisée en France.
Méthodes chimiques. Les spermicides sont des substances chimiques qui réunissent deux composants : un agent chimique spermicide (la plupart du temps le nonoxynol-9) et un agent transporteur. Leur rôle est de détruire ou de rendre inactifs les spermatozoïdes dès qu'ils sont éjaculés dans le vagin. Ils existent en plusieurs formes : crèmes, mousses, gelées, éponges, tampons, films ou comprimés. Leur efficacité est d’environ 80% ; c’est pour cela qu’ils doivent être utilisés en association avec des méthodes de barrière.
L’éponge contraceptive combine les deux méthodes de contraception : de barrière et chimiques. C’est une éponge en polyuréthane qui contient un spermicide. Ainsi, elle joue un double rôle : libère le spermicide et absorbe le sperme lors du rapport sexuel. Son efficacité est de 80-90 %.
La méthode chirurgicale. Il s’agit de la stérilisation - ligature des trompes (si risque formel de danger de grossesse pour la santé) pour la femme ou vasectomie pour l’homme.
Méthodes naturelles. Les méthodes dites naturelles reposent sur deux principes : retrait avant l’éjaculation ou abstinence périodique pendant la phase fertile du cycle, afin d’éviter que les spermatozoïdes pénètrent dans le vagin et rencontrent l’ovule.
Le retrait ou le coït interrompu est la méthode par laquelle l’homme se retire avant l’éjaculation et éjacule en dehors du vagin.
L’abstinence périodique se réfère à l’absence des relations sexuelles pendant la période fertile de chaque cycle. Elle regroupe plusieurs méthodes par lesquelles on essaye de déterminer les jours fertiles, par l'observation, l'enregistrement et l'interprétation des signes et symptômes naturels associés au cycle menstruel. Il s’agit de : la méthode du rythme (ou « du calendrier »), la méthode de la température, la méthode de la glaire cervicale (ou de l'ovulation) et la méthode de l'allaitement maternel et de l'aménorrhée (MAMA).
Toutes ces méthodes ont le même principe : l’ovaire produit un ovule qu’il libère au cours de chaque cycle. L’ovule vit ensuite au maximum deux jours. Le spermatozoïde vit, quant à lui, trois jours après pénétration dans le vagin[30]. Il faut donc essayer de situer le moment de l’ovulation, pour savoir ensuite quels sont les jours fertiles et infertiles.
La méthode du calendrier (rythme) est une méthode qui nécessite que la femme ait des menstruations régulières afin de pouvoir calculer correctement le jour de l'ovulation. On calcule alors le jour en soustrayant 14 jours de la date des règles. L'abstinence est prescrite pendant une semaine entourant le jour présumé. C'est la méthode des docteurs Ogino (japonais) et Knaus (allemand).
La méthode de la température basale repose sur le principe suivant : pendant la période d'ovulation, la température de la femme s'élève de quelques dixièmes de degré. En prenant sa température chaque matin, la femme peut déduire le début de sa période d'ovulation. Ce n’est pas une méthode très précise, car la température peut être affectée par des facteurs extérieurs, tels qu'une fièvre passagère. En plus, la progestérone, qui est « responsable » pour la température plus élevée, est sécrétée après l'ovulation, ce qui veut dire que l’ovulation a lieu un jour (environ) avant la montée de la température.
La méthode de la glaire cervicale ou de l’ovulation ou méthode Billings peut être plus sure, car elle n’implique pas la nécessité des règles régulières, et ne montre ni la survenue de l’ovulation rétrospectivement. Cependant, elle nécessite une bonne connaissance, par la femme, de sa physiologie, plus précisément des changements de la glaire cervicale.
Pendant l'ovulation, la glaire cervicale (ou mucus cervical) de la femme devient plus fluide et transparente et crée à l’intérieur du vagin une sensation d’humidité. Deux hormones jouent un rôle essentiel pour le mucus : sous l’influence de l’estradiol*, le mucus est secrété par l’épithélium glandulaire de l’endocol. Son abondance et sa qualité sont optimales en période préovulatoire, quand il devient « abondant, clair, limpide, filant et cristallise en feuilles de fougère ». La progestérone* joue un rôle inverse : sous son influence, après ovulation, le mucus « coagule et devient inhospitalier »[31]. En observant sa glaire tous les jours jusqu'à ce moment, la femme pourra détecter ce changement et en déduire que sa période ovulatoire a commencé.
John Billings soutient que la conception ne dépend pas uniquement du fait que l’ovulation ait lieu, mais aussi de la sécrétion d’une glaire cervicale de bonne qualité, très nécessaire pour nourrir et aider les cellules du sperme à rencontrer l’ovule[32]. À l’approche de l’ovulation, la glaire cervicale change d’aspect. La période la plus fertile du cycle est celle d’avant l’ovulation, quand la glaire ressemble au blanc d’œuf. Le quatrième jour après l’ovulation, s’installe une période de fertilité qui durera jusqu’au début des règles suivantes[33].
La méthode de Billings nécessite une observation quotidienne de la glaire cervicale, aussi que beaucoup de volonté et de détermination de la part de la femme. L’application de la méthode peut être rendue plus difficile si la femme a des sécrétions particulières (des pertes), qui peuvent modifier l'aspect de la glaire, pendant des périodes variables.
La méthode de l'allaitement maternel et de l'aménorrhée (MAMA) est une méthode de planning basée sur la physiologie de l’allaitement maternel. C’est une méthode sure à 98% pendant les premiers six mois après l’accouchement et moins sure au-delà de cet intervalle. Elle est basée sur deux principes : l’absence des règles (aménorrhée) pendant au moins deux mois après l’accouchement et l’aménorrhée due à l’allaitement complet ou presque complet, jour et nuit, à la demande du bébé.
Il existe une autre possibilité de déterminer la période ovulatoire, notamment un détecteur d’ovulation. La méthode consiste à placer une bandelette urinaire dans un mini-ordinateur de poche afin que celui-ci détecte la période féconde (Elle, le 12 avril 1999). C’est une méthode qui a une efficacité de 95%.
À part leurs avantages :
- il n’y a pas d’effets secondaires médicaux,
- ce sont des moyens gratuits,
- elles peuvent améliorer la communication entre partenaires,
- il ne faut pas attendre le retour de la fertilité,
- elles permettent à la femme de mieux se connaître,
ces méthodes présentent aussi des inconvénients, car elles :
- nécessitent une forte motivation des deux partenaires,
- impliquent la coopération du partenaire (et dans le cas du retrait et pour l’abstinence périodique),
- ce ne sont pas des moyens commodes, car ils demandent une observation quotidienne et une bonne connaissance de soi-même, aussi que beaucoup d’attention,
- d’après les statistiques, leur taux d’échec est assez élevé, cependant elles peuvent s’adresser à certaines catégories de personnes :
- les couples qui veulent apprendre à connaître les signes de fertilité (la physiologie de la reproduction) de la femme. Cela peut constituer un facteur de rapprochement du couple.
- les couples qui acceptent le risque de la survenue d'une grossesse
- les couples qui ont un accès limité ou nul aux méthodes modernes de contraception
- les couples qui refusent d'utiliser d'autres méthodes pour des raisons religieuses ou philosophiques
- les femmes qui ne peuvent pas utiliser d'autres méthodes de contraception car elles présenteraient un risque pour leur santé[34].
III. 4.2.2 La contraception abortive
a. Le stérilet. Le stérilet est la deuxième méthode que les femmes françaises utilisent comme contraception, après la pilule et avant le retrait. C’est un dispositif qu’on place à l’intérieur de la cavité utérine (il s’appelle aussi dispositif intra-utérin – DIU) et qui existe en plusieurs modèles (voir tableau). Il y a trois types de stérilet qu’on utilise principalement en France à l’heure actuelle et que nous allons décrire par la suite : stérilet inerte et stérilets bioactifs : au cuivre et à la progestérone. L’objet de notre intérêt - après une brève présentation - sera évidemment le mécanisme d’action de ces dispositifs.
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a.1. Le stérilet inerte. C’est un dispositif en plastique, très rarement utilisé, surtout dans les cas de contre-indication au cuivre ou après une synéchie* utérine.
a.2. Le stérilet au cuivre. Il est caractérisé par l’adjonction d’un fil de cuivre, qui augmente l’efficacité du DIU.
a.3. Le stérilet à la progestérone ou aux progestatifs de synthèse. C’est un DIU dont le mode d’action se situe entre celui de la contraception hormonale dont nous allons parler et celui de la contraception intra-utérine. Il se caractérise par la diffusion au niveau de l’endomètre* d’un taux faible et constant d’une hormone : la progestérone* naturelle ou les progestatifs*. Il est fait en matériel plastique, a la forme d’un T et contient dans la partie verticale un réservoir contenant l’hormone. Le réservoir est limité par une membrane qui contrôle la diffusion de l’hormone du stérilet jusqu’à la cavité utérine[35].
a.4. Mécanismes d’action[36]. Il faut prendre en considération l’action de plusieurs facteurs :
- l’action mécanique, provoquée par le stérilet en soi, en tant que corps étranger introduit dans l’utérus (valable pour tous les types de stérilet), à laquelle s’ajoutent :
- l’effet du cuivre (dans le cas du stérilet au cuivre)
- l’action de l’hormone (pour le stérilet à la progestérone ou aux progestatifs)
L’action du stérilet se situe essentiellement au niveau de l’endomètre et se caractérise par des modifications de celui-ci et de son fonctionnement. Essentiellement, le stérilet entraîne :
- un traumatisme de l’endomètre : la muqueuse est aplatie, écrasée, atrophiée, ulcérée ;
- une réaction inflammatoire de l’endomètre, caractérisée par un envahissement cellulaire intense (polynucléaires, lymphocytes, plasmocytes, macrophages …) très défavorable à une implantation ;
- une augmentation de l’activité fibrinolytique* de l’endomètre, qui peut « être à l’origine de certains saignements utérins et endommager le blastocyste ou/et empêcher son implantation» (c’est nous qui soulignons) ;
- des troubles de maturation de l’endomètre, ce qui le rend impropre à la nidation ;
- des phénomènes qui perturbent la tolérance immunologique du blastocyste.
Parmi les mécanismes d’action accessoires / secondaires, nous mentionnons :
- une action toxique sur les spermatozoïdes et sur le blastocyste,
- une modification de la mobilité tubaire qui pourrait perturber le transport des gamètes et du blastocyste.
L’action du cuivre n’est pas parfaitement connue. On sait depuis longtemps qu’il a un « pouvoir antifertile » puissant, cependant on n’a pu, jusqu’à présent, que lancer des hypothèses, dont nous mentionnons :
- une action toxique directe du cuivre sur le blastocyste, « qui pourrait subir une dégénérescence » (c’est nous qui soulignons), et sur les spermatozoïdes ;
- l’augmentation de l’activité fibrinolytique de l’endomètre, ne permettant pas l’adhésion et l’implantation de l’œuf fécondé.
Des hypothèses récentes prétendent que les DIU agissent plutôt en empêchant la fécondation de l’ovule que la nidation de l’embryon, ou qu’ils détruisent ou altèrent la mobilité des spermatozoïdes. Le processus de fécondation lui-même pourrait effectivement être atteint, mais il est clair que dans la majorité des cas, l’action fondamentale des DIU inertes et au cuivre est d’empêcher la nidation de l’embryon et même de l’endommager.
Il est clair que tous les chercheurs dans le domaine seraient contents si on pouvait démontrer un jour que le stérilet empêche la fécondation, car cela mettrait fin à un grand problème éthique : le stérilet est abortif !, mais jusqu’à présent l’hypothèse généralement acceptée est que l’action principale des DIU est enregistrée au niveau de l’endomètre et non pas des trompes de Fallope. Voici ce que dit David Serfaty, un des plus grands spécialistes français en contraception : « Les conséquences au plan éthique de ces hypothèses attribuant au DIU un effet direct sur les gamètes et sur la fécondation, si elles étaient confirmées, pourraient être importantes (le stérilet empêcherait la fécondation et non pas la nidation de l’œuf normal fécondé).Il faut savoir cependant que quel que soit l’aspect séduisant de cette nouvelle conception du mécanisme d’action des DIU, il y a toujours une possibilité de fécondation attestée au moins par les cas (peu fréquents) de grossesses survenues chez les utilisatrices de cette méthode ».[37]
L’action des stérilets à la progestérone et aux progestatifs
Les DIU à la progestérone « n’ont pas d’action sur l’axe hypothalamo-hypophyso-ovarien »[38], c'est-à-dire n’empêchent pas l’ovulation. Leur action se situe principalement au niveau de l’endomètre.
Les DIU au lévonorgestrel (LNG) provoquent une atrophie intense au niveau de l’endomètre, mais aussi un épaississement au niveau du mucus cervical, s’opposant à l’ascension des spermatozoïdes.
b. La contraception post-coïtale. La contraception post-coïtale (CPC) représente l’ensemble de méthodes qui peuvent être utilisées après un rapport sexuel non protégé et possiblement fécondant.
Il y a deux types de CPC (en fonction de la phase lutéale* à laquelle on doit prescrire une méthode – c’est-à-dire en fonction de la distance entre le rapport fécondant et le moment où la femme demande une « contraception ») : la CPC précoce, qui fait recours à des méthodes hormonales ou aux dispositifs intra-utérins et la CPC tardive (le RU 486).
La CPC précoce est une méthode d’« interception »[39] de l’embryon, car elle agit quelque part entre la fécondation et l’implantation de l’œuf, en empêchant que celle-ci se produise. Dans ce but, on utilise :
a. des méthodes hormonales :
- des estrogènes (c’est actuellement la méthode la plus efficace ; elle est administrée jusqu’à 72 h après le rapport non protégé)
- des progestatifs (il s’agit du lévonorgestrel, qui doit être administré 12 h après le rapport, ou de la noréthistérone, qui peut être prise de façon régulière, après chaque rapport non protégé – pour cette raison, cette dernière a été appelée « vacation pill » (« la pilule de jours de visite »))
- des estroprogestatifs (c’est la fameuse « pilule du lendemain », la plus utilisée dans le monde, en raison de son efficacité et de la façon simple d’administration : il s’agit d’une pilule classique (le Stédiril®) qu’on prend en dose double (donc 2 comprimés) dans les 72 h après le rapport et encore une fois 12 h après la première prise)
- le danazol, qui est aussi une méthode assez efficace et qui a moins d’effets secondaires.
b. le stérilet post-coïtal, considéré comme le plus « efficace », aussi parce qu’il peut être mis en place plus tard que les autres méthodes, notamment jusqu’au moment théorique de l’implantation de l’œuf dans l’utérus (7 jours après le rapport fécondant, mais, d’après certains, on peut l’introduire même 10 jours après le rapport).
Toutes ces méthodes exercent une action sur l’endomètre, en provoquant son altération et donc en empêchant la nidation de l’embryon, ainsi qu’un dysfonctionnement de la phase lutéale. S’ajoute à ceux-ci l’effet blastocide du cuivre dans le cas du stérilet.
La CPC tardive. Le RU 486 (mifépristone[40]) est un stéroïde* de synthèse qui a un puissant effet antiprogestérone (il agit comme une « anti-hormone », interrompant définitivement l’action de la progestérone[41]). Administré en phase lutéale, entraîne une dégénération de l’endomètre et des effets lutéolytiques.
En fait, le RU 486 peut avoir une double « utilité contraceptive » : il peut être utilisé en CPC tardive, s’il est administré à la veille présumée des règles, mais il peut remplacer aussi la CPC précoce (il s’agit d’une contraception « d’urgence », administrée dans les 72 h après le rapport non protégé).
En ce qui concerne son efficacité, les spécialistes apprécient que, si on lui associe l’administration d’une faible dose de prostaglandine, son efficacité « dans le cadre d’une interruption précoce de grossesse est comparable à celle de l’aspiration endo-utérine »[42].
A part le fait que c’est une méthode abortive, il y a deux autres aspects concernant le RU 486 que nous considérons graves :
- On ne sait pas aujourd’hui si, en cas d’échec, donc d’évolution de la grossesse, le fait d’avoir administré le RU 486 à la femme enceinte n’aurait pas d’effets tératogènes (fœtotoxiques* ou génotoxiques*) sur l’embryon. C’est pour cela qu’en cas de survécue de celui-ci on pratique systématiquement l’avortement chirurgical.
- Un autre aspect inquiétant est la poursuite des recherches afin de trouver l’association idéale qui permettra de remplacer la pilule classique, quotidienne, avec le RU 486 en tant que « pilule mensuelle » ou contragestion systématique en fin de cycle. Ainsi, au lieu de prendre une pilule tous les jours, à la même heure, la femme n’aura plus qu’à prendre une seule pilule par mois, un jour avant la date de l’arrivée des règles, pilule qui provoquera l’avortement si elle est enceinte. Ce serait un moyen « extrêmement prometteur », disent les chercheurs, pour plusieurs raisons :
- c’est plus commode pour la femme de prendre une seule pilule par mois au lieu d’une pilule par jour ;
- que la femme soit enceinte ou non, cela a peu d’importance;
- une telle administration, périodique et limitée, entraînera probablement moins d’effets secondaires[43].
III. 4.2.3 La pilule et les autres moyens de contraception hormonale
La pilule constitue le principal moyen de contraception en France et dans le monde. En fonction de leur composition hormonale, on distingue deux grands types de pilules : estroprogestatives et progestatives.
La contraception orale estroprogestative est considérée la méthode la plus efficace. Les hormones qui entrent dans la composition de ces pilules sont toutes des stéroïdes de synthèse. Il s’agit de :
- Estrogènes, dont le seul utilisé en contraception est l’éthinyl-estradiol (EE)*. Ce produit est caractérisé par une puissance biologique et une forte affinité pour le foie qui peuvent entraîner des effets secondaires métaboliques et vasculaires importants.
- Progestatifs
Les pilules estroprogestatives peuvent être combinées ou séquentielles :
- Les pilules combinées comportent l’administration simultanée d’un estrogène et d’un progestatif tout au long de la plaquette, donc pendant 21 jours, suivie d’une pause de sept jours entre deux plaquettes.
- Les pilules séquentielles comprennent l’estrogène seul administré pendant sept ou quinze jours, puis une association estroprogestative pendant les autres jours de la plaquette[44].
Mécanisme d’action
Les pilules combinées ont un triple effet :
- antigonadotrope: empêchement de la croissance folliculaire et de l’ovulation
- antiglaire: la composante progestative rend la glaire peu abondante, visqueuse, épaisse et donc imperméable aux spermatozoïdes.
- antinidatoire: la composante progestative rend l’utérus atrophique et imperméable à la nidation.
Les pilules séquentielles ont une action anti-ovulatoire, due au composé estrogénique. La glaire reste de bonne qualité et l’endomètre est apte à une nidation en cas d’oubli de pilule. C’est la pilule la plus proche de la physiologie de la femme. Cependant, elle ne peut pas être une pilule de première intention, et cela pour deux raisons : la première, d’ordre médical, est le fait que le dosage important d’éthinyl-estradiol (50µg) peut provoquer des réactions secondaires sérieuses (voir tableau page 102), et la deuxième est le fait que, n’ayant pas une action anti-glaire et anti-nidatoire, elle n’est pas considérée une pilule très efficace. Elle est donc à recommander pour une courte durée, dans des cas précis, quand l’état de la femme ne permet pas l’administration d’une autre pilule (après un avortement, en cas de hypoplasie utérine, troubles du cycle causés par des pilules combinées, etc.).
La contraception progestative peut être administrée par plusieurs voies : orale, par injection, par implants sous-cutanés, vaginale, par adjonction aux dispositifs intra-utérins, transdermique.
Par voie orale, on a expérimenté deux méthodes d’administration des progestatifs : soit une administration discontinue de doses fortes, soit une administration continue, sans interruption, de très faibles doses de progestatifs (microprogestatifs).
Du point de vue du mécanisme d’action, dans le premier cas l’activité antigonadotrope est prédominante, tandis que dans le deuxième, elle est présente dans 50% des cas, l’efficacité de la pilule étant assurée par les modifications périphériques de l’appareil génital, c’est-à-dire par l’effet antiglaire et l’effet antinidatoire.
Autres moyens de contraception progestative
Les injections semblent être un moyen contraceptif efficace, dont les inconvénients ne sont pas nuls, mais ils sont, paraît-il, « nettement inférieurs à ceux observés avec d’autres méthodes de contraception hormonale »[45]. Il s’agit de l’administration par injection d’une certaine dose de progestatif une fois tous les trois mois.
Les implants sous-cutanés. Ce sont des capsules de silastic qu’on implante dans le tissu sous-cutané du bras et qui délivrent une quantité très faible et constante de progestatif – du norgestrel – (le nom du produit commercial : Norplant®), pendant une durée de cinq ans. Leur mécanisme d’action est globalement le même que dans le cas des pilules au progestatifs, administrées continuellement en faibles doses : dans 50% des cas, l’ovulation est supprimée, et, dans les autres cas, la « contraception » est assurée par la coagulation de la glaire et l’atrophie endométriale.[46] On considère toutefois que l’action des implants, ainsi que des injectables, est principalement post-ovulatoire (voir Baulieu, Génération pilule, p. 199).
Les anneaux vaginaux sont des systèmes constitués de trois couches concentriques en silastic qui contiennent un réservoir de progestatif dont la diffusion est contrôlée par la membrane extérieure. La femme place ce dispositif au fond du vagin, où il doit rester pendant trois semaines. Son réservoir assure l’efficacité pendant six cycles[47].
Les progestatifs en adjonction aux dispositifs intra-utérins (DIU) renforcent l’efficacité de ceux-ci. Les effets que la présence de ces réservoirs entraîne sont anti-glaire et anti-nidatoire. Les spécialistes affirment que cette adjonction permet de faire du stérilet un véritable moyen de contraception et non pas un « abortif » mensuel, « tel qu’il est considéré dans certains pays »[48]. Malheureusement, même si l’effet abortif diminue à cause de l’effet antiglaire, le stérilet reste un moyen abortif, car il ne faut pas oublier que l’action anti-glaire ne diminue pas uniquement la mobilité des spermatozoïdes, mais aussi celle de l’œuf fécondé vers l’utérus. S’ajoute à cela l’atrophie endométriale qui, au cas où l’œuf arrive, malgré une glaire coagulée, à pénétrer dans l’utérus, empêchera la nidation de celui-ci.
La voie transdermique s’avère être une nouvelle possibilité d’administration des hormones à effet contraceptif. L’action exercée à l’aide d’un tel dispositif (faut-il également prendre en considération le fait qu’il s’agit d’un système contraceptif visible ?) serait antigonadotrope.
III. 4.3 Conclusions
Ce qu’il faudrait retenir après ce périple parmi les moyens appelés génériquement contraceptifs qu’on utilise en France aujourd’hui (et partout dans le monde, pour la grande majorité), est le fait que certains d’entre eux peuvent être considérés de vrais contraceptifs, car ils empêchent la survenue de la conception, tandis que d’autres sont, à la lumière de l’enseignement de l’Église (selon laquelle l’embryon est un être humain dès la conception), des purs abortifs, ce qui faciliterait, d’une certaine manière, le choix d’un contraceptif. Reste la question des méthodes de contraception hormonale[49]. Car on ne peut, au moins à présent, les encadrer ni parmi les anti-ovulatoires, ni parmi les post-ovulatoires. Nous savons, par exemple, que certains types de pilules agissent principalement pour empêcher l’ovulation (les pilules estroprogestatives séquentielles ou les pilules progestatives en administration discontinue) ou que d’autres méthodes agissent surtout après ovulation (les implants et les injections, ou certaines pilules progestatives). Mais on ne saurait pas dire avec précision quelle est l’action de ces méthodes selon chaque cas ou comment une méthode devient-elle efficace pour chaque femme. E. E. Baulieu l’avoue : « la contraception orale peut agir après la fécondation dans les cas (rares) où elle se produit (…). Il apparaît donc difficile de qualifier une méthode de « purement » contraceptive ou « purement » abortive »[50]. Le tableau qu’il réalise montre le mode d’action des principaux moyens dits contraceptifs. On y voit clairement que la pilule ou d’autres moyens comme les injectables et les implants peuvent aller au-delà du seuil de l’ovulation ou de la fécondation[51] :
Revenons à la question de l’efficacité. Qu’est-ce que, dans le langage des spécialistes, une pilule « efficace » ? Nous avons montré qu’une pilule peut avoir jusqu’à trois modes d’action, dont le premier (anti-ovulatoire) est purement contraceptif, le deuxième, anti-glaire, peut être soit contraceptif (dans la mesure où on empêche le déplacement des spermatozoïdes) soit abortif (si on supprime la mobilité de l’œuf fécondé), et le troisième (anti-nidatoire) est abortif, car il empêche la nidation de l’œuf fécondé. Les deux derniers modes d’action constituent ce qu’on appelle « l’action périphérique ». Une action « très efficace », voir même « excellente »[52] présuppose la présence des trois effets combinés, et surtout de l’action périphérique[53]. Si elle n’entraîne que le premier effet mentionné (anti-ovulatoire), la pilule est « moins efficace ».
On pourrait par conséquent affirmer, sans trop exagérer, que l’efficacité d’une pilule est mesurée en termes de son « abortivité » : plus une pilule risque d’entraîner des effets abortifs, plus elle est efficace et donc digne d’être prescrite aux patientes.
L’objet de cette étude étant d’analyser la contraception dans la perspective de ses conséquences sur l’embryon, nous n’avons pas insisté sur les effets secondaires que la contraception entraîne pour la femme. Ce serait cependant important de rappeler que tous les moyens de contraception ne sont pas exempts de conséquences pour la santé et le bien-être de celle-ci. De ce point de vue, les méthodes contraceptives pourraient être divisées en deux catégories :
- celles qui n’entraînent pas de changements, voir des perturbations dans le corps de la femme :
- les méthodes dont l’usage peut provoquer des disfonctionnalités (des effets non désirés) de la santé de la femme, notamment toutes les méthodes hormonales et les dispositifs intra-utérins.
C’est intéressant de remarquer que tous (sans exception) les moyens qui, par leur mécanisme d’action détruisent l’embryon sont aussi des moyens qui ont des effets délétères* pour la mère. Pour mettre en évidence cette observation, nous avons réalisé un parallèle entre l’impact de toutes les méthodes contraceptives décrites ci-dessus sur l’embryon et sur la mère :
Moyen contraceptif |
Action sur l’embryon |
Effets sur la mère |
Le préservatif masculin |
Aucun, puisqu’il empêche l’ovulation |
Aucun |
Le diaphragme |
Aucun |
Aucun |
La cape cervicale |
Aucun |
Aucun |
Les spermicides |
Aucun |
Aucun |
L’éponge contraceptive |
Aucun |
Aucun |
L’abstinence périodique |
Aucun |
Aucun |
Le stérilet inerte |
Les modifications de l’endomètre (surtout son inflammation) empêchent la nidation de l’embryon |
Métrorragies (saignements utérins), douleurs pelviennes, risque d’infections ou de grossesse extra-utérine, traumatisme local |
Le stérilet au cuivre |
Les modifications de l’endomètre (traumatisme, envahissement cellulaire intense, modifications vasculaires, saignements utérins, troubles de maturation) empêchent la nidation et ont aussi des effets délétères directs sur l’embryon (perturbation de sa tolérance immunologique, dégénérescence) |
Métrorragies qui peuvent entraîner des anémies, douleurs pelviennes, risque d’infections ou de grossesse extra-utérine, traumatisme local |
Le stérilet à la progestérone ou aux progestatifs |
Effet anti-nidatoire 100% (aucun effet anti-ovulatoire) |
Métrorragies, risque d’infections |
La contraception post-coïtale précoce (CPC) aux estrogènes |
Développement anormal de l’endomètre – empêche la nidation |
Mauvaise tolérance (nausées, vomissements, mastodynie*, méno-métrorragies) |
La CPC aux progestatifs (« la pilule de jours de visite ») |
Altération de l’endomètre – action anti-nidatoire |
Métrorragies, cycles raccourcis |
La CPC aux estroprogestatifs « pilule du lendemain » - le Stédiril® |
Empêchement de la nidation, empêchement de la mobilité de l’œuf fécondé |
Nausée, vomissements |
Le dispositif intra-utérin (DIU) post-coïtal |
Effet anti-nidatoire, effet blastocide du cuivre |
Pose post-ovulatoire douloureuse, risque infectieux |
Le RU 486 |
Interruption de grossesse En cas d’échec (donc poursuite de la grossesse) embryotoxicité éventuelle ?? |
Saignements utérins (quelques fois importants) post –RU, rarement nausées, vomissements ou asthénie |
La pilule estroprogestative combinée |
Action anti-nidatoire jusqu’à 50% Empêchement de la mobilité de l’œuf fécondé |
Effets primaires : complications vasculaires (accidents trombo-emboliques veineux, accidents artériels coronariens, cérébraux) |
La pilule estroprogestative séquentielle |
Action anti-ovulatoire considérée prédominante |
En cas de longue durée d’utilisation : risque de dystrophie, surtout au niveau de l’endomètre (hyperplasie*, voire cancérisation, et mastodynie, voire une mastopathie*) |
La pilule progestative continue à faibles doses |
Action anti-nidatoire jusqu’à 50% Risque de non mobilité de l’œuf fécondé |
Modifications du métabolisme lipidique et hidro-carboné Irrégularités menstruelles, aménorrhée totale ou « spottings » |
La pilule progestative discontinue à fortes doses |
Action anti-ovulatoire prédominante |
Risque d’augmentation du cholestérol |
De toutes ces conséquences, les femmes n’en connaissent presque rien quand elles consultent pour une contraception. Malheureusement, après la consultation elles n’en sont pas plus informées. Les médecins ne sont pas à accuser pour leur manque de temps. Cependant, s’ajoutent souvent à cela plusieurs situations : la pression de la routine (dire 50 fois par jour, tous les jours, la même chose), conviction que les gens ne comprennent pas les explications, culminant par la politique : « essayons, on verra ce que cela donne ! ».
On sait bien que depuis l’invention de la pilule le dosage hormonal de celle-ci a baissé, ce qui a diminué également ses réactions secondaires. Le stérilet est, lui aussi, à la troisième génération. Tous les articles et traités de spécialité sur la contraception ont d’ailleurs à la base des expérimentations, observations, statistiques faites sur des femmes, plus ou moins conscientes du fait qu’elles participent à l’évolution des choses et que leur expérience personnelle est une partie infime de l’« histoire de la contraception ». Dans ce domaine, tout est expérimentation, on n’est jamais surs du résultat. Le taux de réussite ne peut être jamais garanti à 100%. Cependant, conclut-on, une information correcte et détaillée, ne serait-elle pas la prémisse d’un choix plus responsable, plus mûr, plus susceptible d’être le bon, tout en étant en pleine conscience de cause ?
Conclusions
La structure de cette étude a été construite progressivement. Au début, elle ne devait avoir qu’une seule partie : la contraception. Car, très préoccupée par ce problème auquel je me confrontais souvent à mon travail, je constatais qu’il était moins abordé dans les ouvrages théologiques sur la bioéthique. La raison, j’allais la découvrir bientôt. Ma réflexion ne put aller trop loin : à part la question de la moralité du recours aux méthodes contraceptives, il y avait un « personnage » qui prenait contour, jusqu’à dominer la problématique. Qui était-il, quel était son statut, quelle était l’attitude à prendre envers ce fruit de la conception ? La réponse à ces questions était essentielle. Le sujet était traité, cette fois-ci, quoique bien différemment, en fonction des opinions et convictions des auteurs, dans toutes les publications de bioéthique. Il me fallait alors essayer de connaître ces opinions (pour pouvoir les comparer à ce que je confesse comme vérité, en tant que vérité de la foi, témoignée par l’Église) car elles reflètent et déterminent l’attitude de la société vis-à-vis de la contraception. « Le statut de l’embryon » s’est ainsi constitué en chapitre premier de mon étude. Ensuite, afin de pouvoir comprendre la question de la contraception, je me suis arrêtée sur la conception (qui donne le titre du deuxième chapitre), sur le miracle du début de la vie humaine, mais aussi sur les avancées de la conception assistée médicalement. En traitant ces deux autres sujets, bien développés dans les œuvres des théologiens chrétiens, comme étant des problèmes-clé de bioéthique, je trouvais des repères qui éclairaient le sujet de mon intérêt.
Étant donné que la motivation qui m’a engagé dans cette recherche a été, comme on l’a vu, la problématique de la contraception, je voudrais, dans les conclusions, mettre en évidence des aspects liés à ce sujet, après avoir résumé, d’abord, les conclusions des deux premiers chapitres :
I - L’embryon humain est une personne en évolution ; créé d’après l’image de Dieu, il doit être respecté et protégé dès la conception ;
- La nouvelle loi de bioéthique en France interdira le clonage thérapeutique et le clonage reproductif, mais permettra, malheureusement, la recherche (qui entraînera la destruction) sur les embryons surnuméraires qui ne font plus l’objet d’un projet parental ;
- La vie et la dignité de l’embryon ne doivent pas dépendre d’un projet parental, car l’embryon est don et création de Dieu et fruit d’un projet divin.
II - Les bébés conçus grâce à des technologies modernes comme la fécondation in vitro présentent plus de risques d'importantes malformations congénitales, d’anomalies chromosomiques ; il y a des risques de retards de croissance intra-utérine pour les embryons conçus in vitro. La mortalité périnatale (mort in utero et décès du premier mois postnatal) est plus fréquente dans les cas de FIVETE.
- Si la FIVETE pourrait constituer une solution à l’intérieur d’un couple stable dont la motivation paraît saine, cela ne doit pas se faire qu’à condition d’exclure toute technique qui ne respecte pas la vie de l’embryon, notamment la création de plusieurs embryons, technique qui en entraîne d’autres : la réduction embryonnaire, qui est l’équivalent d’un avortement sélectif, la destruction, la congélation, ou l’utilisation des embryons non implantés, « surnuméraires », en vue de la recherche (ce qui entraîne automatiquement leur destruction) ;
- Il y a d’autres techniques inacceptables du point de vue orthodoxe, car elles introduisent une autre personne à l’intérieur du couple: l’insémination artificielle avec sperme du donneur et le « prêt d’utérus », donc les mères porteuses, qu’elles soient inséminées par le sperme du mari ou qu’elles reçoivent l’embryon après avoir été fécondé in vitro ;
- Une autre technique est non compatible avec les principes affirmés par l’Église Orthodoxe : l’ICSI ; il s’agit d’une manœuvre dont on ignore les conséquences, et, en plus, c’est une technique qui substitue le choix de l’homme à la « loi du hasard », tout en faisant de l’enfant un objet de laboratoire ;
- Une alternative possible à la PMA serait l’adoption, comme geste d'amour désintéressé, altruiste.
La contraception est un mot qu’on entend partout et tous les jours dans ce qu’on appelle les « pays développés ». Elle est, certes, une réalité quotidienne, qui concerne presque toutes les femmes, et elle devient même partie intégrante du rituel post-partum, car toute nouvelle mère est appelée, avant de quitter l’hôpital, à consulter pour la mise en place d’une contraception. Mais il n’est pas moins vrai que, en même temps, la femme est mal informée sur l’action de chaque moyen contraceptif et qu’elle accepte généralement la méthode proposée par le médecin, sans se poser trop de questions.
C’est principalement cette information mauvaise ou incomplète qui nous a intrigué et nous a déterminé à entreprendre cette étude. Car elle reflète une tendance à présenter les choses presque entièrement commerciale, une manière publicitaire conçue pour transformer la personne en consommateur et à annihiler même une dernière réserve vis-à-vis du produit, si elle existe[54]. Pour attirer l’attention de la population, des phrases qui se veulent éducatives se transforment en slogans commerciaux, tels que : « Plaisir d’Aimer … », « La liberté prend corps », « La pilule du lendemain, ça dépanne! », « Ne laissez pas l’imprévu décider à votre place », « Dans la vraie vie, c’est vous qui vivez la suite … », pour ne pas citer que quelques uns des messages proférés en France ces deux dernières années. L’époque se caractérise aussi par l’introduction des nouvelles idées dans la conscience des jeunes, qui rompent avec le passé, avec la « tradition ». Le désir prime sur la morale : « Nous sommes entrés dans l’ère de la multicontraception. Désormais, les femmes jongleront entre plusieurs méthodes. En fonction des situations qu’elles rencontrent, de leur âge et de leur envie du moment » (Elle, le 12 avril 1999) (c’est nous qui soulignons).
La conséquence : on se fie sans réserve, et c’est peut-être normal, aux brochures et affiches qui portent le cachet du Ministère de la Santé ou de ces associations sérieuses et bienveillantes qui veulent faire reculer l’ignorance de la population. Ce type d’informations, très générales d’ailleurs – il s’agit d’une « vulgarisation » de la médecine -, présentent le risque de transformer nos gestes en automatismes : on fait cela parce que c’est bien et on ne se pose plus de questions parce que c’est le Ministère de la Santé qui nous l’a conseillé. Cependant, les actions que nous entreprenons pour notre bien-être n’ont pas (ou ne devraient pas avoir) le même poids. Ainsi, se brosser les dents régulièrement pour éviter qu’elles s’abîment ne devrait pas être la même chose que prendre une pilule tous les jours afin de ne pas tomber enceinte[55]. Le choix de pratiquer une contraception et ensuite le choix d’un moyen contraceptif sont des gestes qui impliquent, dans notre opinion, une certaine maturité et responsabilité.
Notre étude s’est proposée de fournir un fondement théologique à la question de la contraception, mais en l’adaptant au contexte - très complexe et très diverse - actuel, et aux circonstances de la famille, afin d’essayer d’aider dans leurs démarches ceux qui veulent responsabiliser le choix de pratiquer une forme de planning familial.
Le désir d’intégrer l’évaluation théologique dans le contexte de la société contemporaine nous a obligé à développer notre étude sur plusieurs plans, afin d’offrir, autant que possible, une vision des plus larges sur la question.
Les objectifs de notre réflexion furent les suivants :
- réaliser un bref historique du concept, pour connaître son ancienneté et comprendre son développement,
- ensuite, aller puiser aux sources des pères de l’Eglise, comme les plus en mesure de nous fournir un fondement théologique,
- faire le point sur la situation actuelle (pour cela, nous nous sommes limités à la France, car cela nous a facilité la documentation et nous a permis en même temps de restreindre le volume de notre travail),
- et, finalement, analyser les techniques médicales contraceptives actuelles
afin de pouvoir conclure par une évaluation théologique sur le sujet analysé.
Pour ce qui est de l’état des choses en France concernant l’embryon, il y a quelques conclusions à tirer : à l’exception des Églises Catholique et Orthodoxe, qui promeuvent le respect de l’embryon, les autres institutions n’ont pas une vision cohérente sur le statut de celui-ci. Cela se reflète dans la manière dont on traite les moyens contraceptifs, en les mettant tous sur pied d’égalité et en les recommandant aux femmes sans autre discrimination que celle strictement médicale (par exemple, ne pas mettre un stérilet à une femme nullipare, ou ne pas prescrire telle pilule à une personne qui présente des risques aigus de maladie cardiovasculaire, etc.).
Cependant, l’état français a eu jusqu’à présent une attitude plus conservatrice concernant l’embryon. Car, si d’autres pays mènent depuis assez longtemps des recherches sur les embryons humains, la France a totalement interdit de telles pratiques jusqu’à présent. Le nouveau projet de loi, à promulguer probablement en 2003, accepte la recherche sur les embryons surnuméraires, mais interdit, en dépit du feu vert donné par son organisme de réflexion, le Comité Consultatif National d’Éthique, la création d’embryons en vue de la recherche. Certes, la concurrence, la pression financière, obligeront la France de ne pas rester en arrière, mais il est déjà important le fait qu’elle eût une position plus protectrice envers l’embryon que d’autres pays occidentaux.
En même temps, paradoxalement, le fœtus humain n’existe pas, il n’a, pénalement, aucun droit, et même causer sa mort ne constitue pas un délit (voir p. 18).
Un autre objectif de notre travail a été d’offrir un résumé des repères des Saints Pères sur la problématique de l’embryon et de la contraception. Les opinions des pères concernant l’embryon sont divisées, car certains sont les partisans de l’animation différée ou médiate, tandis que les autres (pour la majorité, les pères grecs) soutiennent l’animation immédiate de l’embryon. En dépit de cette différence d’opinions, il y a deux conclusions claires et unanimes qu’on peut tirer de leurs écrits : 1. ils considèrent tous que l’embryon humain doit être respecté et protége dès la conception et 2. ils condamnent tous, par conséquent, toute forme d’avortement, toute action qui pourrait nuire à sa vie dès la conception.
Nous avons conséquemment eu comme point de départ, dans notre réflexion théologique, ces deux principes que nous trouvons chez les pères : l’embryon est un être humain dès sa conception et par conséquent toute atteinte à sa vie constitue un avortement et est à condamner. C’est, d’ailleurs, la position de l’Église Orthodoxe. Si elle devient, comme nous l’avons déjà montré, par œconomia, de plus en plus ouverte vers certaines formes de contraception, en vue de répondre à certaines situations, elle doit exclure toute méthode qui a des effets délétères sur l’embryon, effets que nous avons appelés génériquement « abortifs ».
Nous avons montré, dans le sous-chapitre « La contraception aujourd’hui », quels sont les moyens qui empêchent la conception (ce que nous avons appelé la contraception préventive), quels sont les moyens qui empêchent la nidation de l’embryon ou la migration de l’œuf fécondé vers l’utérus ou même la destruction de l’embryon après nidation – le RU 486 en IVG précoce (la « contraception » abortive). Dans ces cas-là, tout est clair, il n’y a aucun doute jusqu’à présent quant à l’action de ces méthodes[56]. C’est à la pilule qu’il a fallu consacrer un sous-chapitre spécial, car on ne saurait pas dire aujourd’hui quelle pilule est entièrement abortive et quelle pilule est contraceptive à 100 %. On sait, bien sur, que certaines pilules ont un action principalement périphérique (donc, abortive) et que d’autres sont jugées principalement anti-ovulatoires. On sait encore que certaines pilules peuvent avoir jusqu’à 50% d’action anti-nidatoire, mais on ne pourrait pas dire, à ce stade de la recherche, par lequel de ces mécanismes une certaine pilule agit sur chaque femme à part. La question reste par conséquent ouverte.
Nous ne nous avons pas proposé de discuter ici ni de la moralité des pratiques de procréation médicalement assistée, ni de la moralité de la contraception, ni de certaines situations graves, exceptionnelles. Toute décision est à prendre par le croyant et son père spirituel, ensemble. Cependant, nous considérons que dans les situations « ordinaires », dans la vie de tous les jours, la vie de l’embryon doit être préservée. C’est, d’ailleurs, la position de l’Église, qu’Olivier Clément décrit comme ayant toujours été d’une « grande discrétion ». Les conseils qu’elle a donnés, affirme-t-il, sont personnels et tiennent compte des « âges » de la vie conjugale[57]. L’Église dénonce la gravité extrême de l’avortement, mais, pour le reste, elle sait que personne ne peut décider à la place du couple. Ce sont les personnes qui sont importantes et la qualité de leur relation, non pas les méthodes, à l’exception de celles qui provoquent un petit avortement tout de suite après la conception (c’est nous qui soulignons). Dévoiler le sens et laisser le reste à la conscience des époux, c’est ça l’attitude de l’Église russe que Evdokimov présente, c’est ça la position affirmée également par le Patriarche Athënagoras[58].
En même temps, l’homme doit également savoir qu’il n’a ni le droit de vie ni de mort sur son prochain, aussi petit et impuissant qu’il soit, que c’est à Dieu Le Créateur que ce droit appartient et nous ne pouvons pas le revendiquer.
Ce que nous, nous avons voulu faire par cette étude, c’était d’offrir une information synthétisée et en même temps globale : que disent les traités de spécialité et que dit l’Église sur la question.
À chacun de faire son choix, en toute humilité et en demandant la grâce de Dieu.
Lexique de spécialité
Activité fibrinolytique (fibrinolyse) : Processus de destruction des dépôts de fibrine ; protège l’individu de risques de thrombose. Après la cicatrisation d’une plaie hémorragique, elle dissout le caillot devenu inutile. Quelquefois elle peut devenir excessive et provoque des hémorragies difficiles à maîtriser.
Aménorrhée : Absence des règles.
Canal déférent : Canal qui constitue la voie d’excrétion du sperme
Coït : Union charnelle entre l’homme et la femme
Contraception : Ensemble de méthodes visant à éviter la fécondation.
Corps jaune : Glande endocrine qui se développe dans l’ovaire, de façon temporaire et cyclique après l’ovulation, et qui sécrète de la progestérone (lat. corpus luteum). Lorsque chaque mois, dans l’ovaire, un follicule se rompt pour libérer un ovule, il se développe dans la cavité une glande dont les grosses cellules jaunes contenant de la lutéine sécrètent de la progestérone (hormone responsable, notamment, de l’augmentation de la température corporelle, qui devient, dans cette deuxième partie du cycle, habituellement supérieure à 37°C le matin). Si l’ovule n’est pas fécondé, le corps jaune se flétrit et dégénère, entraînant la baisse de la sécrétion de progestérone et l’apparition des règles, qui marquent un nouveau cycle. En revanche, si l’ovule est fécondé et s’implante dans l’utérus, sa couche périphérique, ou trophoblaste, sécrète des hormones chorioniques-gonadotrophiques hCG qui entraînent la persistance du corps jaune durant les deux ou trois premiers mois de la grossesse. En effet, la progestérone est indispensable au maintien de l’implantation de l’œuf dans l’utérus. Quand le trophoblaste, futur placenta, est enfin capable de sécréter la progestérone nécessaire à sa survie, le corps jaune régresse et disparaît.
Corticosurrénale (glande) : Zone périphérique de chacune des deux glandes surrénales, qui élabore et sécrète les corticostéroïdes (hormones synthétisés à partir du cholestérol). Les glandes surrénales sont situées au-dessus des reins. Ce sont des glandes endocrines de faible volume (de 2 à 3 cm de long sur 0,5 cm d’épaisseur), qui sont constituées de deux parties : la médullosurrénale (zone centrale) et la corticosurrénale (zone périphérique).
Cycle menstruel : C’est l’ensemble des phénomènes physiologiques qui rythment la vie génitale féminine de la puberté à la ménopause. Chaque mois, l’utérus est préparé à une éventuelle grossesse : s’il y a fécondation, un embryon se développe ; s’il n’y a pas fécondation, l’utérus est « nettoyé » lors des règles qui marquent le début d’un nouveau cycle.
Endomètre : Muqueuse tapissant la face interne de l’utérus.
Estrogène : C’est l’une des deux hormones sexuelles de la femme. Du premier jour des règles à l’ovulation, les ovaires ne sécrètent que ce seul type d’hormone. Un œstrogène de synthèse est utilisé dans la fabrication des pilules. Les estrogènes naturels sont extraits des follicules ovariens et de l’urine.
Estroprogestatif : Médicament contenant à la fois un estrogène et un progestatif, généralement utilisé comme contraceptif oral.
Ethinyl-estradiol (EE) : Estrogène dérivé du 17 β estradiol par adjonction d’un radical éthinyl en C 17.
Fœtotoxicité : Troubles et lésions qui peuvent altérer des fonctions ou des organes déjà développés chez le fœtus.
Génotoxicité : Modification des gènes, qui peut entraîner des anomalies corporelles ou une certaine prédisposition au cancer. Les gènes peuvent être atteints au cours des étapes les plus précoces de la vie embryonnaire.
Glaire (cervicale) : Sécrétion blanchâtre et gluante du col de l’utérus qui atteint son maximum en période d’ovulation. La glaire cervicale est indispensable à l’ascension des spermatozoïdes dans la cavité utérine et donc à la fécondation.
Hormone : Substance sécrétée par une glande endocrine, libérée dans la circulation sanguine et destinée à agir de manière spécifique sur un ou plusieurs organes cibles afin d’en modifier le fonctionnement. Chez la femme, les ovaires sécrètent deux hormones, les œstrogènes et la progestérone. Chez l’homme, les testicules produisent la testostérone.
Hyperplasie : Augmentation bénigne du volume d’un tissu par multiplication des cellules qui le constituent. L’hyperplasie est une des causes de l’hypertrophie (augmentation du volume d’un tissu ou d’un organe).
Insémination artificielle avec sperme du conjoint (IAC) : La question de cette insémination se pose en cas de sperme déficient. La première étape de toutes ces techniques est par conséquent un traitement du sperme dans le laboratoire, à l’aide de différentes techniques, afin de séparer les spermatozoïdes du liquide séminal et d’essayer de stimuler les meilleurs d’entre eux (on filtre donc le sperme pour obtenir une concentration des meilleurs spermatozoïdes). L’insémination se fait vingt quatre ou quarante huit heures après le déclenchement de l’ovulation. Si l’ovulation est irrégulière, on pratique sa stimulation et son déclenchement. On peut même envisager deux inséminations, à vingt quatre heures d’intervalle. Il y a plusieurs types d’insémination, en fonction d’où on dépose les spermatozoïdes.
- L’insémination intra-utérine (IIU) est considérée comme une des meilleures techniques. Elle consiste dans le dépôt des spermatozoïdes dans la cavité utérine, à l’aide d’un cathéter souple qui passe par le col utérin. C’est un type d’insémination qui donne des résultats dans les cas suivants : glaire hostile qui bloque le passage des spermatozoïdes, hypofécondité masculine ou problèmes immunologiques.
- L’insémination intra cervicale – consiste dans le dépôt de sperme au fond du vagin.
- L’insémination intra péritonéale – Après monitorage de l’ovulation, on introduit le sperme dans la cavité péritonéale, à travers la paroi du fond vaginal. On estime que les spermatozoïdes, se retrouvant dans le liquide péritonéal, dans lequel baigne l’appareil génital féminin, peuvent remonter à contre-courant vers les trompes, pour rencontrer l’ovocyte.
- L’insémination intra tubaire – On dépose le sperme dans la trompe, soit par mycro-hystéroscopie (en visualisant l’orifice tubaire, on y introduit un cathéter) soit par sonde vaginale sous contrôle échographique.
Insémination artificielle avec sperme du donneur (IAD) : quand le conjoint est stérile ou présente une hypofertilité grave ou est porteur d’une maladie génétiquement transmissible, une insémination avec sperme du donneur peut être proposée. Le sperme est congelé vingt ou trente minutes après le recueil et gardé dans une banque de stockage. Ceci afin d’assurer l’anonymat du don et de s’assurer de l’absence d’infection latente (SIDA) chez le donneur. Les techniques d’insémination sont les mêmes que dans le cas de l’IAC (voir ci-dessus).
Lutéal : Qui concerne le corps jaune ovarien (voir ci-dessus).
Mastodynie : Sensation de tension douloureuse des seins. Fréquente avant les règles ou au début de la grossesse, elle est accrue par les contraceptifs hormonaux.
Mastopathie : Affection de la glande mammaire. Le terme peut désigner une congestion prémenstruelle de la glande mammaire, une mastite (inflammation aiguë ou chronique de la glande) ou une maladie fibrokystique du sein.
Ménorragie : Augmentation de l’abondance et de la durée des règles.
Métrorragie : Saignement vaginal survenant en dehors des règles. Les métrorragies sont toujours anormales et justifient une consultation médicale.
Mifépristone : Antagoniste de la progestérone, qui inhibe l’ovulation lorsqu’elle est administrée à la fin de la phase folliculaire. Elle s’utilise comme antinidatoire dans la contraception post-coïtale, et comme méthode médicale d’interruption volontaire de grossesse en association avec un analogue des prostaglandines lors des premières semaines de la grossesse. RU 486.
Nidation : C’est la fixation de l’œuf fécondé dans la muqueuse utérine, qui se déroule vers le sixième jour de la fécondation
Noréthistérone : Progestatif qui entre dans la composition de divers contraceptifs oraux.
Norgestrel : Puissant progestatif qui entre dans la composition de divers contraceptifs oraux.
Ovaire : Les deux ovaires sont des glandes situées dans le petit bassin, et ont un diamètre de trois centimètres. Elles produisent tous les mois un ovule et sécrètent les deux hormones sexuelles indispensables: œstrogène et progestérone.
Ovulation : C’est le moment du cycle menstruel (environ le quatorzième jour), où un des deux ovaires libère un ovule dans les voies génitales de la femme : l’ovule est mûr et son follicule (petit " sac " le contenant) se rompt, le libérant. Aussitôt, le pavillon de la trompe qui lui correspond l’aspire, et l’ovule y restera jusqu’à sa mort si aucun spermatozoïde n’est venu le féconder.
Ovule : Cellule reproductrice femelle.
Progestatif : Substance naturelle ou synthétique qui produit sur l’organisme des effets comparables à ceux de la progestérone, l’hormone féminine sécrétée pendant la seconde phase du cycle menstruel et la grossesse. Les progestatifs, naturellement présents chez la femme sous forme de progestérone, sont également utilisés comme médicaments, naturels ou de synthèse.
La progestérone est le principal représentant des progestatifs naturels.
Les progestatifs de synthèse se classent en trois groupes : 1. la progestérone et ses dérivés proches, 2. les dérivés contenant une structure chimique dite noyau prégnane et 3. les dérivés norstéroïdes. Chaque groupe – et, à l’intérieur, chaque produit – a ses particularités. Les indications des progestatifs, prescrits seuls ou associés aux oestrogènes, sont l’insuffisance lutéale (insuffisance de sécrétion de progestérone), les métrorragies (hémorragies utérines), les ménorragies (règles trop abondantes), la ménopause, la contraception et les cancers du sein et de l’endomètre (muqueuse de l’utérus).
Progestérone : Hormone stéroïde dérivée du cholestérol, sécrétée par le corps jaune (follicule ovarien ayant expulsé l’ovule) pendant la seconde phase du cycle menstruel, par le placenta pendant la grossesse et, à un moindre degré, par les corticosurrénales et les ovaires. La sécrétion de progestérone est stimulée par l’hormone lutéinisante (LH).
Spermatozoïde : Cellule reproductrice mâle, qui va venir à la rencontre de l’ovule au cours de la fécondation.
Stéroïde : Substance de grande importance physiologique, dérivée d’un stérol. Les stéroïdes hormonaux ou hormones stéroïdes sont des hormones sécrétées par les glandes endocrines (corticosurrénales, testicules, ovaires, placenta)
Synéchie : Accolement par du tissu fibreux pathologique de deux tissus ou de deux parties d’un organe qui sont normalement séparés. La synéchie utérine est consécutive soit à une infection, soit à un traumatisme (aspiration pratiquée pour une interruption volontaire de grossesse). Au cours de la cicatrisation apparaît un tissu fibreux tapissant la paroi interne de l’utérus et des trompes et formant des brides tendues d’un coté à l’autre. La synéchie utérine, en empêchant la nidation de l’œuf, provoque une stérilité. Le traitement consiste à les sectionner au laser par hystéroscopie (à l’aide d’un tube optique et d’instruments chirurgicaux introduits par le col de l’utérus) sous anesthésie locale.
Trompes de Fallope : Chacun des deux conduits allant d’un côté de l’utérus à l’ovaire correspondant et se terminant par un entonnoir bordé de franges. Les deux trompes, qui constituent, avec les ovaires, les annexes de l’utérus, sont des tubes de 7 ou 8 cm de long, prolongés par les pavillons tubaire. Elles ont pour principale fonction de capter l’ovule expulsé par l’ovaire et de permettre sa fécondation par le spermatozoïde.
Utérus : Le muscle creux qui se trouve dans le bas-ventre. Cet organe permet de contenir pendant neuf mois le fœtus, ses membranes et le placenta au cours de la grossesse.
Vagin : Conduit élastique et souple qui mesure entre sept et dix centimètres de long. Chez les vierges, l’hymen, fine membrane, en ferme partiellement l’entrée. Il a entre autres propriétés de se lubrifier lors du rapport sexuel par un phénomène involontaire né du désir. Il se termine par un cul-de-sac où seul apparaît le col utérin qui marque le début de l’utérus.
Bibliographie
Les Pères de l’Église et la médecine antique
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[1] Le Petit Robert de la langue française, Paris : Dictionnaires Le Robert, 2000.
[2] Baulieu, Génération pilule, p. 203.
[3] Bibliographie: McLaren, Angus, Histoire de la contraception, Paris : Noêsis, 1996 ; Serfaty, David, Contraception, Paris ; Milan ; Barcelone : Masson, 1998 ; Testart, Jacques, Les hommes probables, Paris : Seuil, 1999.
[4] Extraits et résumé d’un tableau (« Législation relative au contrôle des naissances en France »), de R. Dreyfus, dans Serfaty, David, Contraception, Paris ; Milan ; Barcelone : Masson, 1998, p. 11.
[5] Les potions contraceptives et les potions abortives étaient souvent les mêmes.
[6] A. M. Dubarble, La Bible et les Pères ont-ils parlé de la contraception ?, supplément à La Vie spirituelle, 63, 1962, p. 589-595.
[7] Dans Angus MacLaren, Histoire de la contraception, Paris : Noêsis, 1996, chap. 3, 61.
[8] Le Pédagogue, II, 83, 1.
[9] Dans MacLaren, op. cit., 83.
[10] Ibid., 52.
[11] Ibid., 40.
[12] Ibid., 46.
[13] Ibid., 49.
[14] Ibid., 50.
[15] Centuries sur la charité, II, 17.
[16] Dans MacLaren, op. cit., 89
[17] Ibid., 102.
[18] Ibid., 44.
[19] Voir aussi un autre texte ou il affirme explicitement sa conception sur le mariage : Le mariage a aussi l’avantage de réduire l’incontinence juvenile de la chair, même si elle est vicieuse, à l’honorable fonction d’engendrer des enfants. Ainsi le lien conjugal transforme en bien le mal de la concupiscence.(…) Il se mêle, en effet, je ne sais quelle gravité aux bouillonnements de la volupté quand, au moment ou l’homme et la femme s’unissent, ils songent qu’ils vont devenir père et mère.
« ... bon nombre de matrones qui, sans être adultères, contraignent cependant leurs maris, souvent désireux de garder la continence, à leur rendre le devoir conjugal, usant sans retenu de leur propre droit, non par désir d’avoir des enfants, mais pour satisfaire l’ardeur de leur concupiscence ».
« L’Apôtre (…) concède par une tolérance qu’on s’unisse même sans avoir en vue la génération » (Saint Augustin, « Le bien du mariage », dans Problèmes moraux (II), Paris : Desclée de Brouwer et Cie, 1948, pp. 29-35).
[20] Saint Augustin, « Les mariages adultères », dans op. cit., p. 207.
[21] Homélies sur le mariage, I, 3.
[22] Traité de la virginité, 19.
[23] Voir le sous-chapitre « Brève histoire de la contraception », le tableau sur la législation française concernant le contrôle des naissances, p. 71.
[24] http://www.planning-familial.org/themes/theme14-histoireFemmes/index.html
[25] http://www.alsapresse.com/jdj/00/06/04/SA/article_25.html
[26] « Mais que le piège puisse aussi s’appeler « liberté », qui le soupçonne encore ? Lorsqu’elle est bafouée et victime d’un malentendu, lorsqu’elle est comprise comme l’abrogation de toute obligation, de tout engagement, de toute relation profonde, la pseudo-liberté mène droit à l’entropie, au désenchantement et à la mort. Seule la puissance des limites fait que l’esprit se cabre, s’enflamme, s’élève au-dessus de lui-même.
Devant une toile immense dont il ne verrait pas les bords, tout peintre aussi génial fût-il baisserait les bras. C’est la restriction de la toile, sa limitation même qui exaltent ses pinceaux.
La liberté vit de la puissance des limites. Elle est ce jeu ardent, cette immense respiration à l’intérieur des limites.
Sans la frontière que lui imposent les côtes et les falaises, l’océan noierait la terre et irait se perdre en trombes dans l’infini comme l’eau qui s’écoule d’une outre crevée.
Dieu interroge Job : « Qui enferma la mer à deux battants ? Qui dessina pour elle ses limites en plaçant portes et verrous ? ».
La restriction même de l’espace océanique permet la surgie des continents, l’avènement de la vie.
En marquant les frontières, l’homme, à l’exemple de Dieu et de son geste fondateur « jusqu’ici et pas plus loin ! », consacre un espace, dégage de l’informe une enclave habitable, renouvelle l’acte premier, l’expérience religieuse à l’origine de toute société humaine : il fonde un monde pour pouvoir y vivre ». (Christiane Singer, Eloge du mariage, de l’engagement et autres folies, Paris : Albin Michel, 2000, pp. 24-25)
[27] Etienne Emile Baulieu , Génération pilule, Paris : Editions Odile Jacob, 1990, p. 206.
[28] Ibid., p. 207.
[29] Source : Ministère de l’Emploi et de la Solidarité. Informations rédigées en novembre 1999.
[30] Il paraît que les spermatozoïdes vivraient plus de trois jours. Un scientifique a eu l’idée de mettre des zoïdes en co-culture avec des cellules provenant des trompes de Fallope (avec lesquelles ils cohabitent), et il a remarqué que les cellules du sperme vivent plus longtemps, jusqu’à cinq jours. (http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/contraception/#haut)
[31] David Serfaty, Contraception, Paris : Masson, 1998, p. 33.
[32] John J. Billings, The Ovulation Method : Natural Family Planning, Collegeville, Minnesota: The Liturgical Press, 1987, p. 15.
[33] Ibidem, p. 14.
[34] http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/contraception/#haut
[35] Description et image : Serfaty, David, La contraception, Paris : Masson, 1998, p. 289.
[36] D’après Serfaty, op. cit., pp. 253-255, 291-292.
[37] Serfaty, op. cit., p. 255
[38] Idem.
[39] Serfaty, op. cit., p. 401.
[40] Le nom commercial de la mifépristone (donc de la pilule RU 486) est Mifégyne ®.
[41] La fonction essentielle de la progestérone (un progestatif naturel) est de favoriser la nidation et la gestation par les modifications endométriales et myométriales qu’elle induit (B. Charbonnel, « Progestatifs », dans : Serfaty, David, Contraception, Paris : Masson, 1998, p. 43).
[42] Serfaty, op. cit., p. 127.
[43] Ibid., p. 128.
[44] Ce moyen d’administration reproduit la séquence physiologique du cycle menstruel (David Serfaty, Contraception, p. 75).
[45] Serfaty, Contraception, p. 88.
[46] Pierre Mauvais – Jarvis ; Gilbert Schaison ; Philippe Touraine, Médecine de la reproduction, Paris : Flammarion, coll. Médecine-Sciences, 1997, p. 524-525.
[47] Serfaty, La contraception, p. 124.
[48] Serfaty, Contraception, p. 89.
[49] Nous excluons de cette catégorie le stérilet à adjonction hormonale, car, du à l’effet mécanique exercé par le stérilet lui-même, celui-ci doit être classé parmi les méthodes abortives.
[50] E. E. Baulieu, Génération pilule, p. 199.
[51] Idem.
[52] Pierre Mauvais – Jarvis ; Gilbert Schaison ; Philippe Touraine, Médecine de la reproduction, Paris : Flammarion, coll. Médecine-Sciences, 1997, p. 524-525
[53] Voici une définition de l’”efficacité” des pilules progestatives dans un livre de spécialité: « Les propriétés contraceptives des progestatifs sont en fait pluri focales et concernent non seulement le pouvoir antigonadotrope, mais surtout les modifications périphériques de l’appareil génital, qui peuvent être obtenues, même à faibles doses. Il s’agit essentiellement : de modification de la glaire cervicale, dont la composition varie et qui devient inhospitalière aux spermatozoïdes ; de ralentissement de la mobilité tubaire ; de modification de la muqueuse endométriale, qui devient impropre à la nidation. (…) les actions périphériques des progestatifs permettent d’assurer une contraception efficace, assortie d’inconvénients minimes » (Ibid., p. 501)
[54] Voici, pour exemplifier, la manière de rassurer les femmes quand à l’innocence absolue du produit, dans la présentation de la pilule du lendemain dans une revue française: « Tétragynon, la fameuse pilule du lendemain, à prendre en deux fois dans les 72 heures suivant le rapport, sur prescription médicale seulement, est remboursée par la sécurité sociale. Elle peut être délivrée dans les services d’urgence des hôpitaux, même le dimanche. Il ne s’agit absolument pas d’un procédé abortif puisque l’œuf n’est pas accroché dans l’utérus au moment où on prend cette pilule (la nidation s’opère dans les 5 à 7 jours après le rapport sexuel) ». (Elle, le 12 avril 1999).
[55] Nous avons choisi cet exemple car, dans la pratique médicale, on propose aux femmes d’associer la prise de la pilule, afin d’éviter son oubli, à un des gestes quotidiens, comme le brossage des dents.
[56] En dépit des essais des spécialistes d’affirmer que le stérilet a aussi une action anti-conception, son action principale reste toujours abortive.
[57] Le père professeur John Breck: « je souhaite instamment que dans notre approche pastorale (…), nous évitions toute condamnation systématique au profit d’une étude cas par cas sur la base de chaque situation spécifique » (« Technologies médicales du royaume ou du cosmos ? (une réflexion orthodoxe américaine) », dans Contacts, no175/996, p. 208).
[58] Olivier Clément, dans la Préface au livre de Paul Evdokimov, Taina iubirii, Bucuresti : Christiana, 1994, p. 12.